Point de presse de Mme Ruba Ghazal, cheffe du deuxième groupe d’opposition, et M. Haroun Bouazzi, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’énergie
Version préliminaire
Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
Le mardi 27 mai 2025, 11 h
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
11 h 01 (version non révisée)
(Onze heures)
Mme Ghazal : Alors, bonjour,
tout le monde. Bon mardi. Heureuse d'être avec vous ce matin avec mon collègue
Haroun. En ce moment même, je pense que le roi Charles III est en train de
faire un discours, le discours du trône. C'est quand même incroyable. Quel pays
bizarre qu'est le Canada! Pour affirmer sa souveraineté, il trouve important
d'amener un monarque d'un pays étranger pour qu'il parle de ses priorités. Ici,
au Québec, on n'a pas besoin d'attendre après le fédéral pour agir, pour
réduire encore plus les symboles monarchiques dans... au Québec. J'ai déjà
interpelé, depuis l'année passée, je l'ai refait à d'autres reprises, le
gouvernement de la CAQ, notamment Simon Jolin-Barrette, qui m'a dit qu'il
regardait s'il était ouvert avec les propositions que je lui fais. Et je lui ai
donc, pour l'aider, envoyé une lettre récemment pour lui dire d'arrêter de
donner de l'argent public du budget du Québec, 0 $, pour la... le poste de
lieutenant-gouverneur et aussi d'enlever les bureaux, il y a des bureaux de l'Assemblée
nationale qui sont occupés par cette fonction-là, donc de les enlever, qu'ils
aillent ailleurs. C'est quelque chose qu'il est possible de faire, surtout que
les Québécois ne se reconnaissent plus du tout, en fait, je ne sais pas s'ils se
sont déjà reconnus, envers cette institution totalement dépassée et archaïque.
Journaliste
: ...
Mme Ghazal : Je vais laisser
mon collègue parler, puis après ça, je vais répondre à votre question.
M. Bouazzi : Bonjour, tout le
monde. Moi, je vais vous parler du projet de loi n° 69. Le gouvernement s'apprête
à faire une très grave erreur, probablement, en mettant de l'avant un bâillon.
Les amendements qu'on a reçus changent beaucoup de choses, le projet de loi en
lui-même change beaucoup de choses, et, entre autres, on s'inquiète beaucoup
pour la facture de l'électricité. Évidemment, on a beaucoup parlé de la facture
des PME, des industries, mais aussi celle des Québécoises, des Québécois, qui
va très probablement... ou en tout cas au minimum possiblement augmenter
beaucoup dans les prochaines années, mais aussi les dividendes de l'État, c'est
quelque chose qu'on a très peu parlé, c'est-à-dire les revenus qu'Hydro-Québec
va verser peuvent aussi beaucoup baisser. Ça, c'est à travers la place du privé
qu'on retrouve dans ce projet de loi là, c'est à travers les intérêts que le
privé paie à la banque, c'est à travers les erreurs qu'on aurait pu faire. Il
faut se rendre compte que, jusqu'à aujourd'hui, le gouvernement ne nous a pas
donné une équation, jamais, qui explique pourquoi il faut doubler la taille d'Hydro-Québec.
Je ne sais pas si vous vous rendez compte,
là. On a décidé d'investir 180 milliards de dollars, c'est-à-dire que plus
que le budget annuel du Québec, sans jamais nous avoir dit pourquoi on a besoin
de doubler la taille d'Hydro-Québec. Et, si on s'est trompé, malheureusement,
même si j'ai beaucoup d'amour envers plein d'ingénieurs qui ont dû travailler
sur ce 180 milliards, il y a des chances qu'on se soit trompé, bien,
évidemment, ça va se retrouver dans la facture des Québécoises, des Québécois,
et possiblement très, très salée. Donc, on pense qu'il ne faut surtout pas
arrêter le débat démocratique et aller jusqu'au bout et au minimum avoir la
transparence envers les Québécoises et Québécois pour qu'ils comprennent c'est
quoi, les conséquences de ce projet de loi. Merci.
Journaliste
: ...à
savoir que le bâillon va être utilisé, va être imposé dans ce cas-ci?
M. Bouazzi : Bien, ça sent
mauvais, là, on va se le dire, d'un point de vue démocratique. Oui, il y a des
bruits, et vous devez les entendre autant que... autant que nous. Maintenant,
il reste quand même beaucoup d'heures. 52 amendements, je vous rappelle, sur
157 articles, des amendements importants qui affaiblissent notre démocratie,
qui affaiblissent la Régie de l'énergie, qui fait l'équilibre entre un monopole
d'Hydro-Québec... Un monopole, c'est problématique. Nous, on aime que ce soit l'État,
mais c'est problématique. Donc, il faut une régie forte. Mais aussi un exécutif
qui politise tout, alors que, normalement, justement, la régie est un tribunal
qui vient équilibrer ces deux gros pouvoirs autour de l'énergie. Et donc, entre
autres choses, l'affaiblissement de la Régie de l'énergie est un vrai problème,
mais la question...
Journaliste : ...pour vous de
laisser passer ces amendements-là sans utiliser votre pouvoir de temps en
commission parlementaire.
M. Bouazzi : Bien, il est
évident qu'il faut avoir un débat démocratique. Vous savez, le projet de loi s'est
amélioré. Moi, je pense qu'il est encore très mauvais, malheureusement, mais il
s'est amélioré. La question de la sobriété n'existait même pas dans ce projet
de loi là. Et c'est grâce au travail des oppositions qu'il n'y a pas seulement
la production et l'efficacité, mais il y a aussi la sobriété qui est le B-A-BA
en 2025. La question des droits des personnes autochtones s'est aussi améliorée
grâce au travail qu'on a fait. Puis il y a des erreurs, des fautes. Je dois
dire que ce n'est pas le meilleur projet de loi que j'aie vu depuis que je suis
élu, et j'en ai vu vraiment beaucoup. Il y a des fautes, il y a des
améliorations parce qu'il arrive qu'elle se rend compte, la ministre, qu'elle
avait mal compris un article et qu'elle doit revenir avec des amendements pour
les corriger. On pense qu'il ne faut surtout pas se passer de cette expertise.
Je nous trouve pas mal bons, là, pas mal toutes les oppositions, pas juste à
Québec solidaire. Ça serait bien de faire le débat.
Journaliste : ...vous vouliez
répondre à ma question...
Mme Ghazal : Oui.
Journaliste
: Si on n'a
plus de lieutenant-gouverneur, si on n'a plus ses bureaux, qui va signer nos
décrets?
Mme Ghazal : Bien, dans ma
demande, la première... j'avais trois demandes, dont celle de ne plus leur
permettre, à la lieutenante-gouverneure, d'être...
Journaliste
: ...
Mme Ghazal : ...les projets de
loi, de ne plus lui permettre d'être dans des bureaux du Québec, parce que c'est
le gouvernement du Québec qui donne ces bureaux-là. Puis il y a aussi... ce n'est
pas tout le... tout ce que coûte le lieutenant-gouverneur, la lieutenante-gouverneure
qui est payé par le gouvernement du Québec, mais il y a une partie, par exemple
les frais administratifs et tout ça, qui sont payés par le gouvernement du
Québec. Donc, ça, le gouvernement peut dire : 0 $, je ne donne plus
aucune cent, que le fédéral le fasse.
L'autre proposition... parce que, c'est
vrai, il y a quand même des pouvoirs constitutionnels qui sont, dans le fond,
administratifs, que la lieutenante-gouverneure fait : signer, approuver
des lois. Donc, nous, ce qu'on propose, c'est de demander à Ottawa de ne pas
renouveler aussi le... la fonction de lieutenant-gouverneur une fois...
11 h 06 (version non révisée)
Mme Ghazal : ...son mandat va
être terminé, puis de nommer à la place un administrateur du gouvernement du
Québec qui ferait ces tâches monarchiques en attendant d'être un pays
indépendant.
Journaliste : Pourquoi le
gouvernement du Canada, qui invite le roi Charles à venir prononcer un
discours, ferait ça?
Mme Ghazal : Bien, moi, je...
moi, je demande... là, ma... ma proposition, ce n'est pas au gouvernement du
Canada. Ma proposition, c'est pour Simon Jolin- Barrette, donc le ministre des
Relations canadiennes, pour arrêter de mettre de l'argent public. En ce moment,
il y a de l'argent, dans le budget du Québec, qui est donné à cette fonction.
Ça fait que c'est d'arrêter ça pour commencer. Après ça, l'autre proposition, c'est
de voir à ce que cette autre fonction-là ne soit plus nommée. Et le
gouvernement peut faire des actions dans ce sens-là en... Il a juste à
écouter...
Journaliste : On ne comprend
pas pourquoi Ottawa ferait quelque chose comme ça, Mme Ghazal.
Mme Ghazal : Bien, il faut...
Journaliste : Pourquoi le
fédéral déciderait tout à coup de nommer un administrateur parce que...
Mme Ghazal : Il faudrait
commencer par en parler. Il faudrait commencer par en... Il faudrait commencer
par nous être cohérents. Les Québécois et Québécoises ne se reconnaissent pas
dans cette institution, on le voit. On le voit à chaque fois que le roi ou une
reine, dans le passé, viennent ici. Et aussi encore moins à travers leurs
représentants, représentantes. Donc, il faudrait commencer nous-mêmes par
arrêter de donner de l'argent public et après ça continuer. Je veux dire, on a
aboli le serment au roi, on aurait pensé que c'était impossible il n'y a pas
longtemps. Québec solidaire, on a été le premier à le demander. Il y a eu un
projet de loi qui avait été déposé en 2018-2019 par Sol Zanetti et, aujourd'hui,
on a réussi à le faire. Donc, c'est possible de continuer. Maintenant, il faut
arrêter de donner de l'argent.
Journaliste : Pour faire
votre demande à Ottawa, est-ce que vous pourriez utiliser l'argument de :
On est une nation distincte?
Mme Ghazal : Il faudrait voir
tout ce qui est possible dans la Constitution canadienne qui nous régit encore
aujourd'hui, malheureusement, pour aller le plus loin. Donc, on est allés avec
le serment du roi. La deuxième chose...
Journaliste : Nous on veut un
administrateur, pas un lieutenant-gouverneur parce qu'on est une nation
distincte.
Mme Ghazal : Ça pourrait être
un argument qui pourrait être invoqué. Tous les arguments possibles devraient l'être.
Simon Jolin-Barrette, il a... il a été créatif, là, des fois, par rapport à la
Constitution puis ce qu'on est capables de faire dans le cadre actuel. Donc, je
pense qu'on peut aller plus loin. Là, maintenant, il y a une... deux actions qu'il
peut faire : arrêter de donner les locaux. Ça, on n'a pas besoin de
demander au fédéral. Arrêter de donner de l'argent, ça, on n'a pas besoin
demander au fédéral et après ça de commencer à nous-mêmes... lui-même, il
pourrait nommer un administrateur, mais il ne faut juste pas qu'il y ait un
lieutenant-gouverneur qui fasse cette job-là.
Journaliste : ...vous entends
sur des questions symboliques, constitutionnelles, tout ça, est-ce que d'amener
ça en avant maintenant, c'est une façon de retrouver, comme vous l'avez dit,
une sorte d'étoile polaire pour Québec solidaire?
Mme Ghazal : Bien, il ne faut
vraiment pas m'avoir écouté longtemps pour... souvent ou ne pas avoir écouté
Québec Solidaire par rapport à ces questions-là. Nous, dès 2018, nous avons
remis en question le serment à la reine. À l'époque, Sol Zanetti a déposé un
projet de loi. Il a fait la bataille à plusieurs moments en commission
parlementaire avec Simon Jolin-Barrette, qui, on sentait qu'il était mal à l'aise
avec cette affaire-là, le serment au roi ou à la reine, et finalement ça a été
aboli. Donc, ce n'est pas la première fois qu'on le fait et on continue.
Journaliste : ...les
travailleurs, cette position-là? Parce que, bon, votre étoile polaire, au
final, c'est les travailleurs, ce que vous avez dit. Donc, en quoi ça sert les
travailleurs de vouloir éliminer le poste de lieutenant-gouverneur?
Mme Ghazal : On est capables
de marcher et de mâcher de la gomme en même temps, et c'est ce que je fais.
Journaliste : Est-ce que vous
vous diriez... parce que, là, il y a la venue du roi, évidemment, ça va coûter
de l'argent, tout ça, aux Canadiens, aux Québécois. À l'époque, votre
prédécesseur dans votre comté, Amir Khadir, avait parlé de... c'était la reine,
à l'époque, il avait parlé de parasite. Est-ce que vous iriez jusque là?
Mme Ghazal : Cette
institution-là est archaïque. En 2025, les Québécois ne s'y reconnaissent plus.
Peu importe, ces gens-là, individuellement, s'ils sont gentils ou des bonnes
personnes, ou pas des bonnes personnes, moi, je vous parle
institutionnellement, on n'a pas besoin du roi et de la reine. Les Québécois, Québécoises
sont d'accord avec ça, et je pense qu'il y a même peut-être une unanimité. Moi,
j'ai senti vraiment... Simon Jolin-Barrette, ce qu'il m'a dit, c'est : Je
vais étudier ça. Ça fait que, là, je l'aide à l'étudier un peu plus loin et je
pense que...
Une voix : ...
Journaliste : C'est quand même
notre point de presse, on va poser des questions...
Une voix : Oui, mais pourquoi
vous ne la laissez pas finir?
Journaliste : C'est la
première fois que j'entends l'attachée de presse ici nous dire : Pourriez-vous
arrêter de couper? Je veux dire, c'est quand même surprenant.
Une voix : ...souvent. Juste
la laisser faire finir sa phrase puis... juste répondre à la question.
Mme Ghazal : Je ne veux pas
donner de qualificatifs, peu importent les qualificatifs, c'est totalement
ridicule comme institution.
Journaliste : Le projet de
loi n° 106, qu'est ce que vous attendez des consultations qui commencent
aujourd'hui?
Mme Ghazal : Bien, on
aimerait ça pouvoir continuer le débat, qu'il n'y ait pas de bâillon. Puis,
vous l'avez probablement vu hier, mon... mes collègues Vincent Marissal et
Alexandre Leduc étaient accompagnés de médecins de l'est de Montréal pour...
pour dire qu'il y a un risque, surtout dans les endroits où il y a des patients
les plus vulnérables, les plus pauvres, des fois les plus malades, où ils
pourraient avoir moins de services...
11 h 11 (version non révisée)
Mme Ghazal : …pauvres, des
fois, les plus malades, ou ils pourraient avoir moins de services, parce qu'il
y a des médecins qui pourraient ne plus vouloir pratiquer ou ne pourraient plus
vraiment faire leur travail. Parce que ça prend du temps, hein, en cabinet avec
des patients, surtout les plus vulnérables. On ne peut pas juste faire ça comme
à la chaîne, là, comme si on était dans une usine. Et il y a un risque, pour
ces gens-là, de se retrouver dans un désert… un désert médical. Ça, c'est un
risque important.
Et, on le voit, là, avec Christian Dubé,
tout ce qu'il fait en santé, on… Il n'y a pas plus de services aux patients. On
a vu, avec le projet de loi n° 15, qui a été adopté au bâillon, ça n'a pas
beaucoup donné de résultats. Je ne pense pas que ça va en donner plus. Et
maintenant, avec ce projet de loi n° 106, je le mets en garde, je mets en
garde François Legault de mettre le projet de loi… de faire adopter le projet
de loi n° 106 sans que le débat démocratique est terminé. Surtout qu'il y
a des détails… on s'est fait expliquer des éléments techniques du projet de
loi, on parle de la rémunération des médecins. Le premier ministre nous dit : Ça
va brasser avec les médecins. Moi, ce qui m'inquiète, c'est que ça va brasser
pour les patients, puis que des patients perdent leur médecin de famille.
Il y a un article, c'est l'article 3,
dans le projet de loi, qui dit que, si un patient, qui a… qui est chanceux, qui
a un médecin de famille, déménage, change de région, des fois, quand tu changes
de région, tu n'as pas besoin d'aller très, très loin, bien, il pourrait perdre…
En fait, il perdrait son médecin de famille. Je pense, par exemple, à des
étudiants qui sont en Gaspésie, qui veulent étudier au cégep ici, à Québec. Ils
ont leur médecin de famille avec leur famille en Gaspésie, puis ils viennent
comme étudiant pour étudier à Québec, ils perdraient leur médecin de famille, s'ils
sont chanceux puis qu'ils en ont un. François Legault, moi, je lui ai déjà posé
la question, puis il a dit : Personne ne va perdre son médecin de famille ou
son groupe de médecine familiale. Christian Dubé nous dit la même chose. Bien, il
y a l'article 3, il y a un article dans le projet de loi n° 106 qui
est extrêmement inquiétant. C'est comme une petite vite que le gouvernement
veut nous faire passer. Donc, c'est important qu'on fasse l'étude comme il faut
puis qu'il n'y ait pas de bâillon.
Journaliste : Est-ce qu'il n'y
a pas un danger, pour un parti comme le vôtre, de vous afficher à côté des
médecins, qui ont des très, très gros salaires… parti des travailleurs, parce
que tout le monde reconnaît qu'ils sont très bien payés, les médecins, là, je
veux dire, c'est… Vous êtes quand même le parti des syndicats. Est-ce qu'il n'y
a pas un risque, quand même, de vous associer, comme vous avez fait la sortie d'hier?
Mme Ghazal : Bien, vous avez
sûrement entendu Vincent Marissal hier, Alexandre Leduc, on était dans l'est de
Montréal, pas pour rien, parce que les… ce sont les patients les plus
vulnérables, qui sont les plus malades, les plus pauvres. Et c'est important qu'ils
aient du temps avec leur médecin de famille de qualité pour avoir un bon
service. Depuis le début de mon exposé, je vous ai parlé des patients. Les
médecins, c'est des professionnels à santé. On a besoin de tous les
professionnels de la santé pour donner des services aux patients. Et là, ici,
il y a des gens qui risquent de perdre leur médecin de famille, c'est ça que le
projet de loi n° 106 va faire.
Journaliste : Sont-ils rémunérés
de la bonne façon?
Journaliste
: Vous vous
êtes montrés ouverts, dans le passé, il me semble, à revoir le modèle de
rémunération?
Journaliste
: Amir
Khadir a déjà parlé de salariat.
Mme Ghazal : Ça, on n'a pas
changé de position, nous, à Québec solidaire, et Vincent aussi a eu l'occasion
de le dire, puis, moi aussi, de le réitérer, nous sommes pour une révision de
la rémunération des médecins. La façon que ça fonctionne, on veut que ça
change. Maintenant, ce qui est important, c'est que, quand on opère des gros
changements, il faut s'assurer que… de ne pas pénaliser les patients. Et, en ce
moment, le moyen que prend le gouvernement pour revoir la rémunération des
médecins, il est très mauvais, parce qu'il met en danger les services de qualité
aux patients.
Journaliste : …discours des
médecins. Tantôt, M. St-Pierre-Plamondon disait qu'ils font dans l'autovictimisation.
Est-ce que c'est des termes que vous…
Mme Ghazal : Moi, ce qui est
important pour moi, là, le système de santé, c'est un ensemble où il y a toutes
sortes de monde important qui y travaillent. Il y a les médecins, il y a les
infirmières, il y a les… il y a tout le monde, là, qui œuvre dans nos hôpitaux,
dans notre système de santé. Et ces gens-là travaillent pour donner des
services aux patients. Et il y a… avec le projet de loi n° 106, ça met en
danger la qualité des services aux patients. Ce n'est pas comme si notre
système de santé allait très bien puis que, là, on vient faire un changement,
puis ça va peut-être un petit peu empirer la situation. C'est catastrophique.
Moi, je ne sais pas, moi, j'aimerais ça demander à François Legault et au
ministre Dubé, cet article-là qu'ils nous passent dans une petite vite en
disant que ça va brasser avec les médecins puis qu'il y aura… qu'il veut revoir
la rémunération, combien de patients qui ont un médecin de famille risquent de
perdre leur médecin de famille? Ça, c'est une vraie question, et c'est en lien
avec les patients.
Journaliste : …pour les
médecins, est-ce que vous… est-ce que vous n'occultez pas leur part de
responsabilité, dans les dysfonctionnements de notre système?
Mme Ghazal : Je ne sais pas
si vous entendez ce que je suis en train de dire, là, ce que je parle, c'est le
projet de loi n° 106. Tu sais, des fois, on peut être contre un projet de
loi pour toutes sortes de raisons. Nous, à Québec solidaire, on est contre ce projet
de loi n° 106 parce qu'il menace la qualité des soins et les soins qui
sont donnés aux patients. Il y en a qui risquent de perdre leur médecin de
famille, et aussi, bien, les médecins…
11 h 16 (version non révisée)
Mme Ghazal :
...bien,
les médecins de famille, eux autres, c'est des professionnels qui font leur
travail. Il y en a beaucoup qui ont à cœur leurs patients. Et, ça, c'est
important. C'est des... C'est des professionnels de la santé importants, comme
les infirmières sont importantes, comme tous les autres corps de métier, les
techniciens de laboratoire dans nos hôpitaux, etc. Tous ces gens-là qui
travaillent dans le système de santé sont importants. Après ça, nous, comme
parti politique, c'est important qu'on regarde c'est quoi l'impact sur les
patients. Et moi, par exemple, je suis sortie avec des médecins sur la
contraception, des médecins de famille qui disent : On a des femmes... la
contraception, elle n'est pas gratuite, puis elles tombent enceintes, des
grossesses non planifiées. Bien, je suis sortie avec des médecins qui défendent
la même... le même objectif, c'est-à-dire le bien-être des patients.
Journaliste
:
Les médecins qui menacent par exemple de prendre leur retraite plus tôt, de
quitter le réseau, c'est correct, ça?
Mme Ghazal :
Ça...
Bien, ça, le fait qu'ils le fassent, par exemple, qu'ils disent qu'il y en a
qui vont quitter, et tout ça, c'est important que le gouvernement le prenne en
compte et qu'il s'assure qu'il n'y ait pas d'impact aux médecins. Donc,
négocier comme ça dans l'espace public puis faire les gros bras, est-ce que ça
va avoir un impact positif sur les patients? C'est ça la question la plus
importante.
Journaliste
:
...de la part des médecins, qui sont privilégiés, qui peuvent s'incorporer,
est-ce que, ça, ce n'est pas aussi...
Mme Ghazal :
Chaque...
Chaque... Eux autres, ils peuvent prendre la défense qu'ils veulent. Est-ce qu'il
y a un risque? Il faudrait aussi l'évaluer. Est-ce qu'il y a un risque de plus
de médecins qui prennent leur retraite? Est-ce que c'est... Si ce risque-là est
réel, bien, c'est important de le considérer parce que ça va avoir un impact
sur les patients.
Journaliste
:
Est-ce que les médecins sont trop payés?
M. Bouazzi :
Je
vais juste... Je vais juste... Je vais... Parce que, pour le coup, j'en ai
rencontré vraiment beaucoup dans ma circonscription, des gens qui travaillent
dans le CIUSSS du nord, des gens qui travaillent dans les GMF. On peut être en
désaccord avec bien des affaires, mais les médecins, c'est des gens qui s'occupent
de gens, d'êtres humains, qui les aiment. Moi, ceux que j'ai rencontrés, ils
ont à cœur leur travail, là. Puis, moi, ceux que j'ai rencontrés en tout cas,
ils ne sont pas en train de dire : On est... On n'est pas assez payés. Ils
disent : De toute façon, pour la rémunération, au bout du compte, on sera
bien payés. Mais la vraie question, c'est la question de la prévention, la
question des services, la question... Tout ça, là, c'est vraiment important. Et
il faut en prendre en compte. Et, oui, il faut en prendre en compte, s'il y en
a qui vont être tannés de recevoir des ordres hypercentralisés et partir, et il
va falloir prendre en compte est-ce qu'il y a des femmes qui vont partir en
burn-out, qui va accélérer le burn-out d'autres personnes. Il va prendre tout
ça en compte. Et, pour y arriver, qu'il y ait une proposition sur la table, c'est
quelque chose, mais il faut un vrai débat démocratique. Il faut écouter et les
médecins, et les patients, et les spécialistes, et que le débat ait lieu à l'Assemblée
nationale et dans...
Journaliste
:
...pas une logique capitaliste chez plusieurs médecins... à maximiser
aussi?
M. Bouazzi :
Moi,
ce que j'ai entendu... Ils auraient pu me raconter autre chose. Moi, ce que j'ai
entendu, c'est prévention, c'est pouvoir traiter des gens vulnérables qui ne
pourraient pas être traités autrement. C'est vraiment une véritable affection
envers leurs patients. Moi, c'est ça que j'ai entendu. Et, ce que j'ai entendu
aussi, c'est : On ne veut pas plus d'argent. Moi, je n'ai pas entendu :
On veut plus d'argent, moins d'argent. Ils disent, de toute façon, ils vont
être bien payés. Ils le savent, qu'ils sont bien payés. Ils le savent, qu'ils
sont plus payés qu'à peu près tout le monde qui sont... qui reçoivent de l'argent
de l'État. Ça fait que ce n'est pas... ce n'est pas comme si... Mais, la
question, c'est vraiment quel genre de système et les métriques qu'il faut
prendre en compte. Ce n'est pas juste : Vous allez en prendre 200, 300, 4 000,
5 000, 10 000 patients. Je veux dire, à un moment, c'est
délirant. Il faut avoir du temps de qualité pour traiter les gens. Et ça ne
peut pas être une machine à saucisses. C'est des êtres humains. Donc,
là-dessus, on doit avoir un débat démocratique.
Journaliste
:
Est-ce que les patients doivent mettre de la pression sur le gouvernement?
Parce qu'il y a des cliniques, il y a des GMF qui envoient des messages en ce
moment à leurs patients pour demander de mettre de la pression sur le
gouvernement. Ils incluent le public, là...
Mme Ghazal :
Les
gens sont inquiets. Les patients sont inquiets. Il y a des gens qui nous
écrivent à nous aussi, là, et ils sont inquiets. Et c'est important que M.
François Legault, Christian Dubé, qu'ils mettent de côté leur ego puis qu'ils
décident de se battre publiquement avec les médecins puis qu'ils se concentrent
sur la réalité. La réalité, c'est qu'en ce moment les médecins, on n'est pas
comme dans un système qui va bien, hein? Ça ne va pas bien. Le projet de loi 15,
il n'a pas amélioré la situation puis ça ne va pas l'améliorer. C'est pour ça
qu'on a voté contre, même s'il a été sous le bâillon. Et, en ce moment, ce projet
de loi n° 106 va empirer la situation qui est déjà dégueulasse pour les
patients. Les gens sont inquiets. Donc, peu importe, après ça, qu'ils
communiquent. C'est important qu'ils le fassent, après tout, c'est... c'est un
service public important pour le citoyen.
Journaliste
:
Est-ce que ce projet de loi là ne met pas un peu de côté aussi la situation
personnelle des médecins? En ce sens, la docteure Gaston me disait ce matin :
Ce n'est pas parce qu'on est médecin qu'on n'a pas une vie à part, là, que...
Elle dit : Il y a des médecins qui divorcent, qui sont obligés d'aller
chercher les enfants à la garderie, etc., la vie de tout le monde, dans le
fond. Mais là, c'est comme si on disait : Bien, vous, vous êtes médecins,
vous êtes payés par l'État, et bien payés, on va vous faire travailler
davantage puis on va... on va oublier, en fait, le fait que vous êtes des
travailleurs comme tout le monde.
Mme Ghazal :
Bien,
c'est important qu'il y a un dialogue social avec tous les gens qui travaillent
dans le système de santé. Est-ce qu'il faut revoir la rémunération? Oui.
Maintenant, ce qu'il faut s'assurer, ce n'est pas juste de...
11 h 21 (version non révisée)
Mme Ghazal : ...de se chicaner
publiquement puis qu'il y ait des résultats pour notre système de santé et
aussi pour les patients. Et, oui, il faut avoir toutes ces considérations-là,
tout le monde dans tous nos métiers, on est pressés comme des citrons, c'est
difficile, c'est la même chose aussi pour les médecins, il y a plus de femmes.
Donc, c'est des choses... des femmes qui veulent aussi avoir une vie
professionnelle et tout ça. Mais ce qui est important pour nous, c'est le
résultat. Puis le résultat, ce n'est pas en disant, comme tu disais, une
machine à saucisses, on n'est pas dans une usine. François Legault n'est pas un
comptable dans une usine qui regarde après ça combien de produits finaux
sortent de la chaîne de montage. Ce n'est pas ça, la médecine, ce n'est pas ça,
le système de santé. Ce n'est pas comme ça avec un tableau de bord qui peut
voir les résultats. Ce qui est important, c'est qu'il y ait aussi une qualité
des services pour les gens.
Journaliste : Sur les
garderies, est-ce que vous comprenez la grogne des employeurs qui ont une
garderie en milieu de travail puis qui se disent, comment dire, insatisfaits du
projet de loi de la ministre Roy?
Mme Ghazal : Moi, ce que je
vois, c'est que la ministre décide de déshabiller Paul pour habiller Pierre en
disant : Bien, au lieu de créer plus de places, c'est ça qu'on a besoin, c'est
plus de places, elle dit : Ah! il y a déjà des places qui existent, tiens,
je vais aller prendre 50 % de ces places-là. Puis à la fin, au bout de la
ligne, est-ce qu'on a plus de places pour les parents? La réponse, c'est non.
Elle devrait s'assurer de créer plus de places et non pas d'en enlever celles
qui existent déjà.
Journaliste : Question pour
votre porte-parole Étienne Grandmont qui a annoncé dimanche qu'il plongeait.
Est-ce qu'il pourrait y avoir des candidatures extraparlementaires?
Mme Ghazal : Bien, tout est
ouvert, c'est possible, c'est quelque chose qui est possible dans nos statuts,
qui est permis. Moi, je suis très contente de voir qu'Étienne ait décidé de se
lancer dans la course. Je l'ai félicité en lui disant : Moi, je le sais,
je l'ai fait deux fois plutôt qu'une. Et aussi, ça montre qu'il y a un
enthousiasme dans notre parti pour que des gens... pour que des gens...
Journaliste : ...
Mme Ghazal : Attendez, je n'ai
pas fini, là. Bon, O.K.
Journaliste : ...
Mme Ghazal : Ah bon! je sais,
je le vois. Donc, je suis contente. Donc, ça montre de l'enthousiasme. Il y a
aussi d'autres collègues du caucus qui y réfléchissent. C'est de bon augure, c'est
bon, parce que nous, ce qu'on aime, c'est le débat et les courses, ça amène du
débat.
Journaliste : Je vais vous
poser une question de débat, êtes-vous tannée des courses à QS? Vous êtes en
course presque continue depuis quelques années, là.
Mme Ghazal : On n'est pas
tanné des courses qui amènent des débats puis qui amènent aussi du sang neuf
puis des réflexions. On aime ça, à Québec solidaire, c'est notre sport
national.
Journaliste : ...
Mme Ghazal : Pardon?
Journaliste : Allez-vous les
appuyer...
Mme Ghazal : Non, moi je vais
être neutre, comme... j'essaie de trouver quelqu'un le plus neutre possible,
mais je vais être neutre comme ça, comme la présidente de l'Assemblée.
Journaliste : What do you think of the King's presence in Ottawa as an act of Canadian
sovereignty, which is what Mr. Carney is saying?
Mme Ghazal :
Yes. For me, it's ridiculous that a
country to demonstrate its sovereignty to ask the King of a foreign country to
come here and to talk about the priorities of the Government. This is ridiculous, we see that Quebeckers, they don't have any affiliation for this archaic and old
institution. And that's why I asked Mr. Simon Jolin-Barrette for the
lieutenant-gouverneur, which is the representative of King
Charles III to stop giving any money to this function. Actually, in the budget
of Québec, there's money given to this institution. We should stop about that.
Journaliste :
And do you think it'll get Mr. Trump's
attention, which is what the plan was? Apparently, the King is talking about
Mr. Trump as we speak.
Mme Ghazal :
I don't feel that Mr. Trump will be
very afraid to see the King of... King Charles III coming here. I don't think
so.
Journaliste
: Thank
you.
Mme Ghazal : Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 25)