Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile
Version préliminaire
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Le jeudi 5 juin 2025, 11 h 30
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
11 h 28 (version non révisée)
(Onze heures trente minutes)
Le Modérateur : Alors, bonjour
à tous! Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois sur les urgences
régionales qui sont menacées de fermeture. M. Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine
et porte-parole du Parti québécois en matière de santé et services sociaux,
prendra la parole, par la suite, Mme Julie Pressé, mairesse de Fortierville, M.
Maurice Vaney, conseiller municipal de Trois-Pistoles, et M. Benoit Morin, le
maire de Pohénégamook, qui conclura le point presse.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Alors, aujourd'hui, j'ai avec moi des élus de Trois-Pistoles, de Fortierville
et de Pohénégamook, trois municipalités qui ont un point en commun, c'est-à-dire
qu'elles se battent pour sauver leurs services de proximité en santé, pour
sauver leurs services d'urgence. Ils sont réunis aujourd'hui et ils s'allient,
ils font front commun aujourd'hui pour exiger du gouvernement qu'il mette fin à
ce flou, à cette incertitude, à cette attente et à la crainte des gens de voir
leur service de proximité, qu'ils ont bâti depuis des décennies… voir fermer
leurs portes.
Le gouvernement de la CAQ pense peut-être
que, pendant l'été qui s'en vient, là… que les gens vont regarder ailleurs,
puis qu'ils pourront prendre une décision de mettre à la trappe des services de
santé, des services d'urgence essentiels dans nos régions. Ça n'arrivera pas.
Nous voulons mettre en garde le gouvernement contre une décision comme celle-là,
parce que ces décisions-là, elles sont reportées de semaine en semaine, de mois
en mois, depuis des mois et des mois, voire des années, dans le cas de Fortierville.
On se bat pour signifier au gouvernement
que ces services-là, ils sont essentiels. On a tenu des manifestations, des
rassemblements, des pétitions ont été signées pour chacune des municipalités,
pour chacun des services d'urgence. Chaque fois, le gouvernement nous a dit :
On n'a pas l'intention d'aller de l'avant avec des fermetures, c'est toujours
ouvert, sans jamais donner les assurances et mettre les moyens en place pour s'assurer
que ces services-là soient maintenus.
On laisse aller les choses, puis parfois
on ferme quelques heures, quelques heures le soir, quelques heures la nuit,
quelques heures la fin de semaine. Et ce qu'on sait, c'est qu'une fois que, par
attrition, on a réduit des services de santé dans nos régions, plus jamais on n'arrive
à rétablir ces services-là. Ce qu'on veut dire au gouvernement aussi, c'est que…
et au ministre de la Santé, Christian Dubé en particulier, c'est qu'il ne peut
plus se défiler. Il ne peut plus se réfugier derrière Santé Québec et dire qu'essentiellement,
parce qu'il s'occupe maintenant des opérations, là, c'est eux qui vont prendre
cette décision-là, Santé Québec à qui on a donné une commande de compressions
budgétaires extrêmement importantes, 2,2 milliards. C'était jusqu'au 31 mars
dernier. Aujourd'hui, on est en train de faire un plan de compressions. Il y a
des propositions qui ont été faites à Santé Québec pour fermer l'urgence de
Pohénégamook, pour fermer le… ou réduire les services d'urgence à
Trois-Pistoles.
Et devinez quoi? On a toujours reporté l'échéance,
en se disant qu'on le ferait fin juin, fin juillet, quelque part au mois d'aout,
pendant les semaines de la construction, pendant que les gens regardent
ailleurs. Est-ce que c'est l'intention de Santé Québec de procéder à des
compressions comme celles-là? Ce serait absolument irrespectueux, irresponsable
et on ne laissera pas les choses aller de cette façon-là. Et on demande au
ministre de donner la commande à Santé Québec de ne pas aller de l'avant avec
un geste radical comme celui-là.
L'autre élément, évidemment, c'est que ces
services-là sont essentiels et que d'autres, avant ces municipalités ici, ont
dû se battre jusque devant les tribunaux. Je pense à Rivière-Rouge. La seule
urgence dont on a pu assurer le maintien, pour les mois et les années à venir,
c'est l'urgence de Rivière-Rouge. Pourquoi? Parce que les gens se sont battus
devant les tribunaux. Le gouvernement a investi des fonds publics dans les
cabinets d'avocat pour tenter de faire plier les gens qui étaient mobilisés et
de leur imposer des coupures de services plutôt que d'investir cet argent-là…
11 h 33 (version non révisée)
M. Arseneau : ...cet argent
là dans les soins de santé. Est-ce que c'est ce qu'on donne comme option aux
gens ici d'aller en cour, poursuivre le gouvernement pour obtenir des services
auxquels on a besoin? C'est une très mauvaise façon de faire, une très mauvaise
utilisation des fonds publics. Il ne faut pas y arriver... arriver là. Et la
façon de l'éviter, c'est de donner une réponse claire, comme quoi, ces
services-là, ils sont essentiels, ils sont là pour rester. Je vous laisse
maintenant en compagnie de la mairesse de Fortierville, Mme Pressé.
Mme Pressé (Julie) : Bonjour,
tout le monde, M. le député, M. le maire, messieurs les conseillers, chers
citoyens de Fortierville, du Centre-du-Québec et tous les gens qui vivent dans
la ruralité québécoise. Je tiens, premièrement, à remercier M. Arseneau qui
nous a invités à joindre nos voix pour dénoncer, encore une fois, l'injustice
et l'iniquité dans l'accès aux soins de santé en région. Comme mes collègues
ici présents, je parle au nom d'une communauté inquiète et excédée. Les gens de
Fortierville et des régions sont tannés de se sentir comme des citoyens de
seconde zone. Le 30 mai dernier, nous étions 500 dans la rue, 500 personnes qui
manifestent à Fortierville, c'est beaucoup de monde. Particulièrement, quand il
y a également une vingtaine d'élus provenant de six MRC différentes et de deux
régions administratives, c'est très significatif. Des mères, des pères, des
grands-parents, des jeunes, des professionnels de la santé, tous réunis pour
dénoncer la coupure de services, tous réunis pour dire que l'urgence est
nécessaire. Le cas de Fortierville n'est pas unique.
Aujourd'hui, aux côtés de M. Arseneau, de M.
Morin, de M. Pelletier et de M. Vaney, je me joins à une lutte qui dépasse les
frontières de Fortierville. C'est la lutte de toutes les régions du Québec, une
lutte pour l'équité, la dignité et la justice. On ne demande pas la lune, on
demande la base. Nous savons qu'il y a un manque de ressources et d'effectifs,
le gouvernement nous le répète sans cesse. Mais, face à la situation, le
gouvernement doit choisir de concentrer les ressources... Pardon. Le
gouvernement choisit de concentrer les ressources dans les grandes villes. Face
à la situation, le gouvernement a choisi de sabrer davantage dans les services
en région. Nos voisins, nos familles, nos travailleurs de la santé ne sont pas
des statistiques. Il y a, parmi eux et parmi elles, des gens qui ont peur, peur
de ne pas recevoir des soins à temps, peur d'être oubliés, peur que leur gouvernement
les ait laissé tomber. Il y a un prix à payer pour le manque de soins, un prix
humain qui se mesure en souci, en anxiété, en perte de qualité de vie.
Il y a aussi un prix économique. Pour se
faire soigner, nos citoyens doivent prendre congé, assumer des dépenses de
déplacement, de séjour. Le manque d'accès aux soins, c'est aussi un repoussoir
pour les entreprises et pour les familles. Il y a un impact sur la vitalité de
nos régions. L'iniquité dans l'accès aux soins, dans la distribution des soins,
ça devient une sorte de taxe supplémentaire sur les régions. Les Québécois
doivent être traités avec équité, qu'ils vivent à Montréal, Québec,
Fortierville, Pohénégamook, Trois-Pistoles. Aujourd'hui, nous unissons nos voix
parce que les municipalités rurales veulent être entendues. Nous faisons front
commun pour dire que nous avons des solutions concrètes. Elles ne demandent que
de la volonté politique. Nous voulons que cesse cette lente asphyxie de nos
services de santé. Les régions méritent mieux et les Québécois et les
Québécoises des régions méritent mieux. Merci.
M. Vaney (Maurice) : Je
remercie M. le député Arseneau et à son équipe de nous recevoir et au maire et
à la mairesse de se joindre à cet effort collectif pour dénoncer cette menace
qui plane sur nos têtes depuis bientôt six mois. Je suis ici pour dénoncer les
menaces de coupures de services de notre urgence à Trois-Pistoles et le manque
de transparence entourant une décision à venir qui sonnerait la fermeture de
ces services essentiels de nuit et de fin de semaine. Depuis bientôt six mois,
la population et les travailleurs en santé de Trois-Pistoles et de la MRC des
Basques vivent dans l'angoisse de perdre ces services essentiels. Depuis six
mois, la population a tenté de faire comprendre que ces coupures sont
contre-productives et inacceptables.
Depuis six mois, les résolutions des
villes et villages de la MRC des Basques, des villes de Rimouski et de
Rivière-du-Loup, une pétition de plus de 6 000 signatures, présentée en ces
lieux mêmes, des démarches auprès de nos élus...
11 h 38 (version non révisée)
M. Vaney (Maurice) :
...deux demandes d'accès à l'information sont restées vaines. Sourde
oreille. Silence.
La menace de perdre ces services au risque
de nuire à la santé de notre population et même au risque de perte de vie pour
des personnes nécessitant une prise en charge rapide, ces dangers sont bien
réels. Ils sont d'autant plus réels que la population de la MRC des Basques
montre la proportion la plus élevée de personnes âgées de tout le Québec. On
parle de 25 % de plus de personnes âgées dans la MRC des Basques que dans
le reste de la province.
On menace ici la frange la plus
fragilisée. La solution envisagée serait de transférer les patients nécessitant
des soins urgents, une prise en charge rapide, vers des centres hospitaliers
voisins en ambulance. Or, il est connu que ces urgences de ces centres
hospitaliers débordent largement leurs capacités à l'heure actuelle. Il est
aussi connu que les services ambulanciers qui servent... qui serviraient à
affecter ces transferts sont déjà au bord de la rupture. On en a entendu parler
dans les médias.
Nous aimerions comprendre la logique
derrière ces décisions à venir, semble-t-il. Pour lutter contre les déficits
budgétaires du système de santé, on propose une opération, selon nous, à
bénéfice nul. En effet, transférer les coûts, épargner en fermant nos services
ne ferait que déplacer ces coûts-là vers d'autres colonnes comptables.
Débloquer sa cour en nettoyant sa neige
sur le banc de neige des voisins n'est pas la meilleure solution à prendre.
Merci beaucoup.
M. Morin (Benoit) :
Merci.
Bonjour. Bonjour, M. Arseneau. Merci pour votre invitation de nous permettre de
prendre la parole au nom de la ville de Pohénégamook. Mme la mairesse de
Trois-Pistoles, M. le conseiller de... non, Mme la mairesse de Fortierville, M.
le conseiller de Trois-Pistoles, Gilles, conseiller à la ville de Pohénégamook.
Vous comprendrez qu'on est venus à la
ville de Québec pour faire mention d'un peu qu'est-ce qui se passe à
Pohénégamook. Ça fait des années qu'on a des coupures à Pohénégamook pour ce
qui est de l'urgence et des services qu'on offre à la population. Souvent on
a... on a été vraiment au combat pour essayer de garder nos soins de proximité.
Et on sait que le CLSC de Pohénégamook est parmi le mieux à la grandeur de la
province de Québec pour le service d'urgence, pour répondre à la population. On
a un délai de 1,6 heure pour être capables recevoir les clients qui se
présentent à notre CLSC en fait de service.
Nous, on dit aux gens, et on le répète
souvent : Le gouvernement devrait prendre exemple qu'est-ce qui se passe à
Pohénégamook, et non l'inverse. Il devrait vraiment regarder de la façon que
nous, on est capables, avec nos budgets et avec notre personnel, pour prendre
vraiment exemple, comme j'ai dit, pour justement faire l'inverse de ce qu'il
veut faire.
Il veut regarder pour les fermer, pour
faire des gros centres. Mais on devrait prendre exemple pour justement donner
ce service-là en région pour s'assurer justement d'avoir une meilleure répartition
des ressources qu'on a et faire mieux avec peu, peu, parce que vraiment, nous,
on est vraiment au minimum.
C'est une question aussi de vie, O.K.., de
vie et de mort, parce qu'on est vraiment éloignés des grands centres. Et, si
jamais on aurait coupure à Pohénégamook, bien, c'est les minutes qui comptent
le plus, c'est vraiment les premières minutes. Et, nous, on le sait que, si
jamais une personne se présente à l'urgence, bien, on est capables sauver des
vies. Et on l'a prouvé à plusieurs reprises. Puis ce n'est pas un service d'ambulance
qui va permettre justement de sauver ces vies-là.
Donc, nous, ce qu'on veut, on veut garder
nos services de proximité. Puis on va se battre corps et âme pour garder nos
services. Et c'est ce qu'on dit au... surtout au CISSS du Bas-Saint-Laurent et
aussi à Services... à Santé Québec. Et c'est pour ça qu'on est ici ce matin.
Parce qu'on a dit qu'on allait faire tout ce qui était dans notre possible pour
le faire.
On a, nous aussi, une pétition qu'on a
signée. Parce que là, on a commencé par nous prendre des ressources pour
combler des postes. Puis, ça, ce n'est pas... ce n'est pas une solution qui est
viable. Parce que les gens qui travaillent dans notre CLSC sont fiers de
travailler pour nous, puis travailler à Pohénégamook, et de garder... donner
leur temps et de...
11 h 43 (version non révisée)
M. Morin (Benoit) : ...donner
le temps et de garder les services qu'on a. Et ce n'est pas en déshabillant
Jacques pour habiller Jean qu'on va régler les problèmes. Vraiment, on a des
solutions autres que ça et on l'a prouvé sur un comité sur lequel on travaille
puis on va continuer à travailler avec le gouvernement pour aider justement à
trouver des solutions. Mais il faut vraiment aussi s'assurer de continuer à
garder nos services de proximité pour pouvoir continuer à donner ces
services-là. Puis c'est ça qu'il faut, c'est de travailler ensemble à trouver
des solutions et non de couper. Puis de couper justement pour des économies de
chandelle comme on dit, là, ce n'est pas ça qui va régler des solutions. Et
puis les services de base, c'est vraiment ça qui est essentiel pour les gens,
puis garder nos services qu'on a présentement, puis je vous remercie de nous
avoir écoutés, puis j'espère que le gouvernement ne fera pas des choses à l'encontre
des citoyens et des citoyennes, puis de prendre des moyens justement comme on a
dit, puis c'est ensemble qu'on va être plus forts, puis c'est pour ça que
ces... ces municipalités-là, on va se tenir et on va se battre jusqu'au bout
pour garder nos services. Merci beaucoup.
Le Modérateur : Alors, nous
allons être prêts à prendre des questions?
Une voix : Bon, moi, je vais
manger. C'est bon.
Le Modérateur : Parfait.
Alors, c'est ce qui... on va conclure le point de presse du Parti québécois.
M. Arseneau : C'est bon,
merci.
Une voix : Merci.
(Fin à 11 h 45
)