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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, Mme Catherine Gentilcore, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’économie et d’innovation, et M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de justice

Version finale

Le mardi 8 avril 2025, 9 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-deux minutes)

La Modératrice : Bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Prendront la parole Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine, Catherine Gentilcore, députée de Terrebonne, ainsi que Mme Liza Poulin, mairesse de Blainville. Merci.

M. Arseneau : Merci beaucoup. Bonjour, tout le monde. Alors, je suis accompagné aujourd'hui de Mme Liza Poulin, que vous connaissez, la mairesse de Blainville, ma collègue députée de Terrebonne, Catherine Gentilcore, pour vous annoncer le dépôt d'une pétition cet après-midi à 14 heures, une pétition qui porte sur la renonciation à l'expropriation des terres protégées situées sur le territoire de la municipalité de Blainville au profit de la multinationale Stablex, une pétition qui, au cours des trois dernières semaines, a recueilli 29 323 signatures, donc, en seulement trois semaines. Souvent, les pétitions sont inscrites sur le site de l'Assemblée nationale pendant trois mois. C'est la pétition qui a atteint le troisième plus grand nombre de signatures de la législature, de la 43 ᵉ législature. On a atteint 12 000 signatures au cours des quatre derniers jours. C'est donc dire que ce sujet-là, je dirais, est extrêmement important pour un très grand nombre de Québécoises et de Québécois. Et on y a vu le moyen, à travers cette pétition, de canaliser, je dirais, la frustration, la colère, le mécontentement de dizaines de milliers de Québécoises et de Québécois. Les gens sont en désaccord avec la façon de faire du gouvernement et avec l'objectif poursuivi par le gouvernement dans ce dossier là.

On se souviendra que le gouvernement a complètement plié les genoux devant une entreprise américaine en lui donnant en cadeau une loi taillée sur mesure pour répondre à ses besoins, une loi qui a été enfoncée dans la gorge des parlementaires par bâillon, on s'en souviendra, le 28 mars dernier pour continuer l'enfouissement de déchets dangereux, mais dans une nouvelle zone un peu plus éloignée pour une période de 40 ans, alors qu'un autre terrain lui était destiné depuis 1981. Un terrain qui d'ailleurs comporte des caractéristiques sur le plan environnemental qui sont moindres que celui qu'on s'apprête à saccager. Le terrain en question, le site Orica, exproprié, rassemble l'essentiel des réservoirs de la biodiversité du Grand Montréal, l'habitat de nombreuses espèces menacées.

C'est une décision de la CAQ qui est grave sur le plan de l'autonomie des municipalités. Ça crée un dangereux précédent. C'est aussi une façon pour la CAQ de suspendre essentiellement nos règles démocratiques habituelles, se présenter comme au-dessus des lois environnementales, des règles qui nous gouvernent, même des institutions. Et, je pense, c'est ce qui a touché beaucoup les Québécoises et les Québécois qui ont signé cette pétition-là.

Je vous dirais, en terminant, pour laisser la parole à ma collègue députée de Terrebonne, que le gouvernement, en agissant ainsi, saccage, essentiellement, une bonne partie de nos règles, de nos lois et de nos institutions pour mieux permettre à Stablex, la compagnie américaine, de saccager complètement un environnement, un habitat, des milieux humides, des milieux hydriques en plein milieu d'une tourbière à Blainville. Et c'est, je pense, le plus grand scandale de la législature et, je dirais, des dernières années. Je pense que ce n'est pas terminé, non plus, il y a des procédures qui sont en cours, on pourra en parler, mais, sur le plan politique, le gouvernement devra payer le prix de ce geste-là. Merci.

Mme Gentilcore : Bonjour. Je suis ici ce matin parce qu'au moment où le dossier Stablex est apparu sur nos radars, la campagne électorale battait son plein, et, rapidement, là, Joël a été vocal sur le sujet. J'ai aussi été vocale sur le sujet. Donc, rapidement, il y a de nombreux citoyens, oui, de Terrebonne, mais aussi de toute la région de Lanaudière et de toutes les Laurentides, qui se sont tournés vers moi pour parler de ce dossier-là, parce qu'ils n'obtenaient pas, eux, de réponse de la part de leur député de la CAQ. Même chose samedi dernier, lors de la manifestation, il y a de nombreux citoyens qui sont venus me voir, qui m'ont dit être soulagés qu'une élue de leur région soit à leurs côtés dans cette bataille-là, et qui soit une voix libre et pleinement forte, là, de défendre leurs intérêts. Donc, c'est ce que j'avais promis en campagne électorale et je suis très fière de voir que ça se concrétise déjà dans le dossier Stablex.

Il faut dire qu'absolument tout de la gestion de la CAQ dans le dossier de Stablex est révoltant et aberrant. On a l'impression d'assister à une mauvaise partie de Monopoly. La CAQ, cède un terrain de très grande valeur à Stablex sans demander de garanties, sans demander de contrepartie. Donc, passez go, réclamez 200 $, et, en plus de ça, on leur donne une petite carte passe-partout parce que, de la façon dont la loi a été rédigée, ça rend quasiment impossible les recours contre qui Stablex ou qui que ce soit, et mon collègue, Pascal Paradis, pourra vous en parler tout à l'heure. Donc, je suis pleinement aux côtés des citoyens de ma région dans cette bataille-là et je veux qu'ils soient assurés que je serai avec eux jusqu'au bout.

Mme Poulin (Liza) : Alors, bonjour. Au cours des dernières semaines, on a pu constater l'ampleur de toute la mobilisation autour de ce dossier, en commençant par les citoyens de Blainville, de Laurentides, de Lanaudière qui, à travers une démarche structurée par la ville, ont manifesté leur désaccord en lien avec le projet de loi n° 93, à cette époque, et c'est maintenant plus de 5500 courriels qui ont été envoyés par la population à nos élus qui ont eu à se prononcer sur la loi n° 93 il y a bientôt 10 jours, donc nos députés de notre région, Lanaudière, Laurentides, les ministres concernés et le premier ministre.

On a vu aussi le monde municipal qui s'est concerté autour de ce dossier-là : l'UMQ, la FQM, la CMM. C'est plus, à ce jour, de 100 résolutions qui ont été déposées pour manifester leur désaccord envers tout le principe de l'autonomie municipale, qui est littéralement bafoué avec cette loi n° 93. On a vu l'UPA aussi qui s'est mobilisée, la communauté scientifique s'est prononcée tout récemment via les médias, tous les groupes environnementaux structurés aussi se mobilisent fortement. On a vu la manifestation qui s'est déroulée samedi dernier à Blainville, où il y a plus de 1500 personnes qui se sont présentées, malgré la température, pour venir manifester leur désaccord envers la loi n° 93, et qui met à risque l'intégralité de la grande tourbière de Blainville.

Aujourd'hui, le dépôt de la pétition qui est portée par le Parti québécois, de plus de près de 30 000 noms de citoyens du Québec, vient consolider la voix de notre population et envoie un message très clair à l'effet que de ne pas considérer les recommandations du BAPE, ça ne passe pas. D'outrepasser les mécanismes de protection du territoire de la municipalité et de la CMM, qui avaient l'objectif de protéger l'intégralité des tourbières, ça ne passe pas auprès de notre population. De faire un projet de loi taillé sur mesure qui outrepasse toutes les normes du droit environnemental et municipal, ça ne passe pas auprès de notre population. Et surtout, la loi n° 93 adoptée sous bâillon, ça ne passe pas auprès de notre population.

Alors, toute cette mobilisation qui s'est faite et qui se poursuit, surtout, témoigne de l'affront important que le gouvernement du Québec a fait à l'égard de la population en adoptant cette loi-là et rappelle surtout qu'il n'est pas trop tard pour faire preuve d'écoute et faire preuve de... de courage, pardon, en révisant leur position sur cette loi-là, surtout, surtout en considérant qu'il existe une alternative où l'entreprise pourrait continuer d'opérer, comme le recommande le BAPE, qui a été déposé en septembre 2023, et qui nous permettrait de faire une grande réflexion nationale, à savoir comment est-ce qu'on devrait mieux gérer, comment on devrait faire évoluer la filière de la gestion des matières dangereuses résiduelles au Québec. Voilà.

La Modératrice : Merci. On va y aller avec une question et une sous-question, merci.

Journaliste : ...François Carabin, Le Devoir. Mme Poulin... si vous pouvez revenir au lutrin... vous dites qu'il n'est pas trop tard. Or, on sait que l'entreprise a déjà commencé les travaux, a déjà commencé à couper des arbres, notamment sur le terrain. Donc, en quoi est-ce qu'il n'est pas trop tard si l'entreprise peut donc déjà commencer, là, à travailler sur le terrain?

Mme Poulin (Liza) : En fait, premièrement, je veux juste exprimer à quel point je trouve ça déplorable de voir que l'entreprise pèse sur l'accélérateur pour commencer les travaux sur le terrain, alors qu'actuellement, comme vous le savez on appelle la décision du juge, là, de la semaine dernière et on sera probablement entendus, en fait, demain. L'entreprise a commencé les travaux pour préparer un chemin d'accès entre le site actuel et le terrain qui a été ciblé par l'expropriation. Donc, c'est surtout sur ce chemin d'accès que les travaux ont été réalisés.

Maintenant, on comprend qu'ils ont accès au terrain et qu'ils entament les travaux sur le terrain. Donc, ils débutent les travaux sur le terrain, donc il n'est pas trop tard, ils n'ont pas finalisé les objectifs qu'ils souhaitaient avant le 15 avril, en termes d'abattage d'arbres. Puis, demain, on sera entendus, là, sur notre permission d'appeler la décision de la juge, et je demeure confiante que... Puis on demande aussi un sursis des travaux, justement, de l'entreprise, puis je demeure confiante que, demain, la réponse du juge sera favorable.

Journaliste : Avant de déposer votre première demande d'injonction en cour, il y avait une entente, je pense, écrite avec l'entreprise pour qu'elle n'opère pas sur le terrain d'ici, justement, la décision de la juge. Là, visiblement, ça n'a pas été le cas. Avez vous quand même effectué des approches auprès de Stablex pour que, par exemple, la décision sur appel soit rendue avant qu'ils commencent les travaux?

Mme Poulin (Liza) : En fait, l'entente était pour la période entre l'adoption de la loi n° 93 et le... notre audition, là, pour notre injonction, et, à partir du moment où la juge a... s'est prononcée en défaveur de la demande d'injonction, automatiquement, c'était les modalités du projet de loi n° 93 qui s'appliquaient.

Journaliste : Juste pour bien comprendre, vous avez quand même... je pense que c'est le lendemain où, déjà, vous avez fait part de vos intentions d'aller en appel. Est-ce qu'il y a des approches donc, qui ont été faites auprès de l'entreprise pour, par exemple, attendre que la demande d'autorisation d'appel soit déposée avant qu'ils commencent les travaux?

Mme Poulin (Liza) : En fait, il y avait peu d'ouverture de l'entreprise, étant donné que... Vous savez à quel point l'entreprise est pressée de faire ses travaux avant le 15 avril, étant donné la période de nidification des oiseaux. Maintenant, les demandes ont été plutôt à l'effet que... de leur accorder l'accès au terrain, sur un terrain qui appartient à la municipalité, et, à cet effet là, la municipalité a gardé sa position, et n'a pas accordé cet accès-là.

Journaliste : Bonjour. Sébastien Desrosiers, de Radio-Canada. Ma question est également pour Mme Poulin. Il semble que la ville de Blainville a bloqué un chemin d'accès, donc, au site... Est-ce que votre objectif, c'était de faire en sorte que les travaux soient retardés et ne puissent pas être complétés au 15 avril?

Mme Poulin (Liza) : Bien, en fait, le... ce chemin d'accès n'était pas... ne faisait pas partie des modalités de la loi n° 93, donc on était en tous nos droits de ne... de ne pas donner accès à ce terrain-là, d'autant plus que la loi n° 93 permettait, là, un chemin d'accès entre le terrain de Stablex vers le terrain... Donc, c'était à eux de faire les travaux nécessaires, là, pour avoir accès au terrain.

Journaliste : Mais vous souhaitiez que ça retarde les travaux suffisamment pour qu'ils ne soient pas complétés avant le 15 avril? Est-ce que c'était...

Mme Poulin (Liza) : Bien, en fait, c'est sûr que nous, on continue de croire qu'il existe une alternative et qu'il n'est pas nécessaire de faire les travaux qui sont en cours. Donc, notre intention, c'était de... Il y a déjà un projet de loi qui est contraignant. Bien, limitons-nous aux modalités de ce projet... de cette loi-là. Et notre intention n'était pas nécessairement de faciliter le travail de l'entreprise.

Journaliste : Et vous avez mentionné que, bon, l'entreprise aurait pu s'établir sur un autre terrain qui appartient au gouvernement du Québec pour l'expansion de la cellule 6. La juge, la semaine dernière, dans la décision qu'elle a rendue, écrit que ces travaux-là à cet endroit-là entraîneraient aussi la destruction de milieux humides. C'est aussi un des arguments du gouvernement, à savoir que la valeur écologique des deux terrains est comparable. Est-ce que vous pensez que les citoyens qui sont sortis manifester samedi sont davantage favorables à ce que les terrains se... les travaux se fassent à cet endroit-là?

Mme Poulin (Liza) : En fait, pour avoir été dans la manifestation et pour avoir parlé à plusieurs citoyens, bien que ce soit un dossier d'une grande complexité et que l'unanimité n'existera jamais sur les points de vue sur ce dossier-là, oui, effectivement, là, les principaux arguments qui ont été évoqués de la part des citoyens, c'est à l'encontre de la loi 93, là, considérant tout ce que ça implique au niveau légal et de précédents, mais aussi sur le fait que le projet, en allant sur le site d'Orica, met définitivement à risque l'intégralité des tourbières.

M. Arseneau : Juste... Si vous permettez, j'aimerais entendre mon collègue Pascal Paradis sur le jugement qui a été rendu. Parce que vous dites qu'on a dit que la valeur écologique des deux terrains était équivalente.

Journaliste : Ce n'est pas ce que la juge écrit. Ça, c'est l'argument du gouvernement.

M. Arseneau : C'est ça.

Journaliste : Mais elle écrit que les travaux sur le terrain qui appartient au gouvernement entraîneraient aussi la destruction de milieux humides. C'est ça qu'elle dit.

M. Arseneau : Oui, aussi. Mais nous, on... enfin, selon l'information qu'on a et selon ce que le BAPE a conclu dans l'exercice comparatif, il fallait choisir le terrain qui était déjà prévu en 1981. Mais, pour ce qui est du jugement, je ne sais pas si tu veux commenter, Pascal, rapidement.

M. Paradis : Bien oui. Donc, la ville est en appel. Mais il faut noter que ce jugement illustre quelque chose qui s'est passé tout au long du dossier, c'est-à-dire à quel point le gouvernement a mis des bâtons dans les roues de la ville, des autorités municipales, des citoyens. Une expropriation de terrain, il y a un concept de base en droit québécois, c'est que ce doit être fait pour l'intérêt public.

Et, ce qui est intéressant, c'est qu'au milieu de la nuit du bâillon, la ministre est arrivée avec un amendement qui dit, au début, que le projet de loi est présenté dans l'intérêt public, pour assurer l'accès durable à un site de dépôt des matières dangereuses. Et j'ai dit au milieu de la nuit : Ça, c'est un article qui a été inséré dans le projet de loi pour bloquer la contestation de la ville de Blainville.

Et c'est exactement ce qui s'est passé. Parce que, par ailleurs, j'ai demandé à la ministre toute la nuit : Vous dites que c'est ce que le projet de loi veut faire, montrez-moi où, dans le projet de loi, c'est ce que ça fait. Parce que le projet de loi ne prévoit que l'expropriation puis une tonne de cadeaux pour Stablex, aucune obligation n'est conférée à la compagnie.

Donc, quand on parle de la valeur écologique des terrains, de l'autonomie municipale, de la volonté citoyenne, ce dossier se caractérise par des actions du gouvernement de la CAQ pour mettre des bâtons dans les roues de l'expression légitime de ces citoyens, de la ville. En fait, ça écarte toute l'application des lois du Québec puis ça dit que les tribunaux n'auront pas leur mot à dire. C'est une loi très dangereuse comme précédent.

Journaliste : Bien, vous pouvez rester. Ma question, c'est pour les élus, là, du Parti québécois : Qu'est-ce que les citoyens peuvent faire? Bon. Ils ont manifesté samedi, ils ont déposé... ils ont... il y a des gens qui ont, bon... qui ont participé à votre pétition, qui l'ont signée. Mais au-delà du débat juridique, là, aujourd'hui, là, qu'est-ce que les citoyens peuvent faire pour s'opposer, pour faire entendre leur voix, pour s'opposer à...

M. Arseneau : Bien, écoutez, c'est un peu comme mon collègue député de Jean-Talon vient de mentionner, le gouvernement a prévu, je dirais, une série de mesures pour empêcher toute contestation. Alors, évidemment, la manifestation qu'on a vue en fin de semaine, c'est une expression, je dirais, de l'indignation des Québécoises, des Québécois. La signature de la pétition le démontre amplement. On a toujours la possibilité d'écrire à nos députés, à nos... au premier ministre, donc à nos représentants. C'est... C'est vers ça qu'on se dirige, là. Je pense, c'est plus l'expression de la parole des gens qui doit être pleinement... pleinement développée. Sinon, la contestation judiciaire actuelle est la dernière chance pour nous, à court terme, de faire stopper les travaux de démolition qui sont déjà en cours. Mais, pour ce qui est de la démolition des règles démocratiques et des institutions, le combat va se continuer au cours des prochains mois.

Journaliste : Est-ce que vous craignez justement, étant donné qu'il y a eu un bâillon, étant donné que... bon, est-ce que vous... On a vu, dans le cas de Northvolt, par exemple, qu'il y a des... il y a des... il y a eu du vandalisme sur le chantier. Est-ce que vous pensez que c'est... ça risque d'arriver aussi dans le cas de Stablex? Est-ce que c'est...

M. Arseneau : Bien, nous, on ne souhaite pas que ça... qu'il y ait des gestes de cette nature-là. Mais, si vous faites une comparaison avec ce qui s'est passé dans le cas de Northvolt, c'est deux fois plus de terres... de terres humides qui sont saccagées actuellement par l'entreprise Stablex. Donc, c'est... c'est deux en deux pour le gouvernement. Moi, je pense qu'il faut plutôt regarder dans le moyen, long terme, à savoir comment on peut ramener le gouvernement au respect des institutions, et des règles, et des lois. Et ce qui est extrêmement frappant, c'est qu'on revoit un peu, sousune forme différente, mais quand même cette habitude du gouvernement de gouverner pardécret à la toute dernière minute, enfoncer dans la gorge des décisions, nous prendre decourt, imposer sa décision, le fait accompli. Alors, toute cette dynamique-là est ce qu'onréprouve au plus haut point, nous, comme députés et comme, je dirais, citoyens également.

M. Paradis : Si tu permets. On a dit plusieurs fois que les premières victimes de ce bâillon, ce sontles députés de la CAQ. Où sont-ils? Que se disent-ils? Que font-ils dans ce dossier-là? Et lescitoyens, les citoyennes ne doivent pas sous-estimer le pouvoir qu'ils ont entre leurs mainsen s'exprimant, en écrivant, en envoyant des courriels, en communiquant avec leur députéde la région pour dire : Je n'accepte pas ce qui se passe. Donc, une partie de la réponse estlà. Et comme mon collègue Joël Arseneau le mentionnait, les contestations judiciaires,c'est important parce que c'est une monstruosité juridique, cette loi Stablex. C'est... Il fautfaire attention quand on dit sans précédent, mais moi, comme avocat sans frontière qui acombattu auprès de défenseurs des droits humains et de l'État de droit partout dans lemonde, de voir ce genre de projet de loi là, ici, c'est extrêmement inquiétant. J'ai appeléaussi la communauté juridique à se mobiliser parce qu'on ne peut pas accepter des loiscomme celle-ci qui suspendent l'application d'à peu près toutes les lois et les règlementsdu Québec et qui donnent d'immenses pouvoirs discrétionnaires à une ministre àl'encontre même de sa propre loi du ministère des Ressources naturelles et des Forêts. C'est inacceptable. Donc, il y a des moyens de contestation.

Journaliste : Dan Specter from Global news. Mr. Arseneau, what is this, the amount of signatures on this petition and the mobilization of the population in general about what the government is doing here, say to you about how people feel about this, the population?

M. Arseneau : Well, definitely people feel frustrated, they're angry. And to see the results, within three days we had 12 000 signatures to amount to close to 30 000 signatures is the third most popular petition since 2022, and we only had three weeks to collect those signatures. Usually, it's three months on the National Assembly's site. So, people are looking for a way to express themselves, and their anger, and their frustration, and also to signify to the government that they've gone one bridge too far. It's completely unacceptable that you can, you know, pass a law to suspend all of the laws, and all of the rules, and all of the institutions that we've put in place throughout the centuries.

That's really what la CAQ is doing, and it reminds us of the governance by decree that was put in place during the pandemic. And, you know, it's way... I think the government's gone way too far. And people are looking for a way to express themselves. And I think they can still express themselves in writing to their MNAs and write letters to, you know, newspapers and so on. The battle is not over, you know, on a judicial side, it continues. But I think people have the right to express themselves in all sorts of ways.

Journaliste : Seeing as the work has already begun, isn't it that it's not too late?

M. Arseneau : It's never too late. You know, obviously, Stablex is trying to speed up the process, but hopefully tomorrow we would have a positive decision by the courts to look at the situation in depth. And if not, I think the government can still put a hold on this situation, because when you realize that they're speeding up to destroy the environment, this part of the environment, within a week, because in 2027 they will need some space to burry dangerous residues coming according to certain reports from the States and other jurisdictions, up to 63% of all the residues, that makes no sense.

And that's what I neglected to say, this entire process was pushed upon us, you know, saying that it was a national emergency situation, and it's just plain false. It's... It's absolutely unacceptable to... for the government to come up with such poor, you know, demonstration of the emergency. There is no emergency.

Journaliste : Merci.

M. Paradis : Merci.

M. Arseneau : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 56)