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Conférence de presse de Mme Janique Lambert, commissaire au développement durable

Version finale

Le jeudi 24 avril 2025, 11 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures vingt-neuf minutes)

Le Modérateur : Bienvenue à cette conférence de presse de... concernant le rapport du... d'avril... excusez-moi, concernant le dépôt du rapport d'avril du Commissaire au développement durable. S'adressera à vous aujourd'hui la Commissaire au développement durable, Janique Lambert. Elle est accompagnée de la directrice générale d'audit, Moïsette Fortin. Alors, sans plus tarder, Mme Lambert, je vous cède la parole.

Mme Lambert (Janique) : Mesdame messieurs, bonjour. J'ai le plaisir de vous présenter aujourd'hui les résultats des travaux que nous avons accomplis au cours des derniers mois. Il s'agit de trois audits de performance et d'une étude. Ces quatre rapports que je dépose aujourd'hui mettent l'accent sur le thème de la biodiversité. Pour vous présenter ce travail, je suis accompagnée de Mme Moïsette Fortin, directrice générale d'audit.

Le premier audit porte sur la conservation de la biodiversité dans les aires protégées dans le cadre de l'application de la Loi sur le développement durable de 2024. La perte de la biodiversité est un enjeu qui touche l'ensemble de la planète, et le Québec n'y échappe pas. Pour conserver cette biodiversité, nous devons notamment constituer un réseau significatif d'aires protégées qui offrent de grands bénéfices écologiques, économiques et humains. Depuis plus de 30 ans, le gouvernement s'est engagé à atteindre des cibles mondiales de conservation de la biodiversité. En 2024, le réseau d'aires protégées couvrait près de 17 % de la superficie de notre territoire. L'objectif est de protéger 30 % du territoire pour 2030. C'est le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, le MELCCFP, qui doit veiller à ce que les aires protégées du Québec soient constituées et gérées de manière à contribuer à la conservation de la biodiversité.

Notre premier constat est que le MELCCFP n'a pas accompli plusieurs actions nécessaires pour assurer la protection, la mise en valeur et la surveillance d'une grande majorité de la superficie inscrite au Registre des aires protégées et ainsi contribuer à la conservation de la biodiversité. Par exemple, le ministère tarde à faire des démarches pour que près de 80 % de la superficie du réseau passe du statut provisoire à celui de permanent. Ce changement de statut est pourtant essentiel pour permettre à ces territoires de bénéficier des exigences les plus élevées en matière de protection et de mise en valeur durable.

Notre deuxième constat révèle que l'atteinte de la cible de 17 % d'aires protégées en 2020 a été privilégiée sans prendre suffisamment en compte la représentativité de la biodiversité et la connectivité écologique des territoires. En réalité, le MELCCFP n'a pas mené la sélection de ces aires protégées avec toute la rigueur nécessaire. Par ailleurs, les territoires retenus sont en grande majorité situés au nord du 49e parallèle, alors que les carences liées à la représentativité de la biodiversité et de la connectivité écologique du réseau d'aires protégées sont plus importantes au Sud. Ce sont donc pas... Ce ne sont donc pas les territoires les plus susceptibles de combler les carences qui ont été retenus.

De plus, l'information fournie sur la composition du réseau d'aires protégées est inadéquate. En fait, lorsque le ministère, le MELCCFP, communique publiquement de l'information sur le réseau, il informe seulement sur la superficie totale des territoires inscrits au registre des aires protégées, soit 17 %, sans préciser quelle portion est protégée de façon permanente et laquelle l'est de façon provisoire. Seulement 4 % du territoire est protégé de façon permanente.

Le troisième et dernier constat est que la vision du ministère n'est pas suffisamment claire pour qu'il puisse atteindre la cible de conservation de 30 % d'ici 2030. Il manque de balises pour guider efficacement les acteurs et des éléments essentiels pour assurer la qualité du réseau d'aires protégées et conserver la biodiversité sont absents.

Le deuxième audit audit s'intéresse à l'adaptation de nos forêts aux changements climatiques. Au Québec, la superficie disponible sur les terres du domaine de l'État pour l'aménagement forestier totalisait 235 000 kilomètres carrés en 2023. Plusieurs éléments perturbent actuellement les écosystèmes forestiers et continueront de le faire. Je peux citer la hausse des températures ainsi que l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des perturbations naturelles, comme les feux de forêt ou les épidémies d'insectes. Dans ce contexte, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts, le MRNF, doit assurer un aménagement durable des forêts du domaine de l'État pour favoriser la pérennité des avantages socioéconomiques et des services écologiques qu'elle procure. Or, nous avons décelé plusieurs lacunes à cet égard.

Nous avons d'abord constaté que le MRNF n'oriente pas suffisamment ni efficacement l'aménagement forestier, notamment pour lutter contre les changements climatiques. Il n'a pas mis à jour la Stratégie d'aménagement durable des forêts publiée en 2015. Il n'a pas non plus publié sa Stratégie d'adaptation aux changements climatiques. Cette stratégie est toujours en élaboration depuis 2016. De plus, le ministère considère peu la contribution de la forêt à l'atténuation des changements climatiques. Il tarde à intégrer le carbone forestier dans la planification forestière et à définir ses orientations internes.

Notre deuxième constat est que la planification forestière, telle qu'elle est réalisée, met une pression supplémentaire sur la forêt et pourrait affecter sa durabilité. Par exemple, la rentabilité des secteurs de récolte et la valeur du bois récolté sont peu considérées lors de cette planification et les effets futurs des changements climatiques sont peu pris en considération a priori.

Finalement, le MRNF adapte peu ses pratiques forestières destinées à augmenter la résilience de la forêt. En fait, des travaux visant à établir les vulnérabilités des forêts et des activités forestières aux changements climatiques selon les régions ont été initiés en 2018, mais jusqu'à... jusqu'à présent, désolé, plus de 77 % des régions attendent les résultats de ces travaux pour pouvoir se mettre en action. De plus, le MRNF considère peu la rentabilité économique à long terme dans son choix de scénario sylvicole, alors que les budgets disponibles sont limités et que les coûts des travaux sylvicoles sont en augmentation et que les perturbations naturelles mettent de la pression supplémentaire sur la forêt.

Le troisième audit concerne le verdissement des milieux urbains pour renforcer la résilience de la population face à l'aléa de chaleur. Le Fonds d'électrification et de changements climatiques, le FECC, finance des actions qui contribuent au verdissement des milieux urbains dans le but de permettre à la population de ces milieux de s'adapter à l'aléa de la chaleur, c'est-à-dire aux effets de la chaleur amplifiés par les changements climatiques, comme l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des vagues de chaleur. Nos travaux font ressortir que la réalisation des meilleurs projets de verdissement n'est pas assurée, ce qui ne permet pas le renforcement optimal de la résilience de la population. À cet égard, des projets de verdissement totalisant 56,5 millions de dollars ont été financés par le FECC, mais le MELCCFP ne s'est pas assuré que ces projets seraient réalisés dans les zones où les personnes vulnérables sont les plus à risque d'être affectées par les effets de la chaleur.

Deuxièmement, l'information exigée par le MELCCFP et le ministère des Affaires municipales et de l'Habitation pour mesurer les résultats des projets de verdissement financés par le FECC est insuffisante. Par exemple, dans le cas des projets de plantation d'arbres, le suivi de ces derniers doit être assuré à court terme pour que les objectifs puissent être atteints à long terme. Cependant, les ministères n'exigent aucun indicateur relatif à la survie à court terme des arbres plantés.

Enfin, le MELCCFP ne coordonne pas efficacement la réalisation des projets de verdissement. À cet égard, certains mécanismes mis en place pour favoriser la réalisation de projets de verdissement demeurent sous-utilisés par le ministère. C'est le cas de l'obligation de consulter le MELCCFP lors de l'élaboration de mesures qui pourraient avoir un impact significatif en matière de lutte contre les changements climatiques. Il ne contribue donc pas de façon optimale à l'adaptation des milieux urbains aux effets de la chaleur.

Le dernier chapitre est une étude sur les enjeux et les particularités liés au développement et à la conservation du territoire nordique. Le territoire nordique est affecté par les changements climatiques de façon plus rapide que le reste du Québec. Les effets de ces changements ont de nombreuses conséquences négatives sur les écosystèmes, sur l'environnement bâti, sur les activités socioéconomiques et sur la santé des populations. Ils accentuent plusieurs des enjeux qui sont déjà présents sur le territoire. Cependant, paradoxalement, ils peuvent aussi engendrer de nouvelles possibilités pour son développement.

Dans ce contexte, il est essentiel d'assurer un développement durable du territoire nordique. C'est dans ce sens que notre étude présente trois observations à prendre en considération. Ces observations concernent d'une part certains enjeux propres aux territoires nordiques qui sont accentués par les changements climatiques rapides qu'ils affectent. Ces enjeux, liés par exemple à la biodiversité, aux activités minières, au logement, doivent être pris en compte afin d'assurer le développement durable de ce territoire. Ces observations concernent aussi les modèles de gouvernance distincte qui découlent de droits issus de conventions et d'ententes avec les nations autochtones, sans oublier la contribution des interventions de la Société du Plan Nord à la coordination de l'action gouvernementale. À la lumière de ces observations, nous avons formulé des questions qui devraient retenir l'attention des décideurs.

C'est ici que se termine ma présentation du rapport. Je suis maintenant prête à répondre à vos questions.

Le Modérateur : Merci. On va commencer la période des questions avec Caroline Plante, LaPresse canadienne.

Journaliste : Bonjour, Mme Lambert.

Mme Lambert (Janique) : Bonjour.

Journaliste : Dans votre rapport, beaucoup craignent que l'incertitude commerciale, tout le contexte commercial actuel limitent ou repoussent les efforts consacrés à la préservation de la biodiversité et à la lutte contre les changements climatiques. J'aimerais vous entendre là-dessus, élaborer un petit peu là-dessus.

Mme Lambert (Janique) : Vous savez, comme... Le rôle du Commissaire au développement durable, c'est de venir donner des opinions. C'est le chien de garde du gouvernement en matière de développement durable. Mon tome complet, je l'ai consacré à la biodiversité. Puis, lorsque je vois, dans le fond, les événements, les attitudes, les réorientations de projets, de priorités, bien, je voulais soulever, dans mon chapitre I, qui est un peu comme mon éditorial, finalement, du tome, bien, soulever qu'il ne faut pas oublier de considérer la biodiversité. Il ne faut pas oublier la biodiversité et la lutte aux changements climatiques dans toutes ces nouvelles priorités qui seront prises. Parce qu'il y a toujours un aspect de développement durable, dans le fond, si on veut développer à long terme, avoir cette vision-là. Puis parenthèse, dans la Loi sur le développement durable, c'est indiqué qu'on ne peut plus continuer comme on a agi à ce jour, qu'il y avait un changement, un virage nécessaire. Et c'est dans ce cadre-là que j'ai... que j'ai amené cette interrogation-là, cette inquiétude.

Journaliste : Est-ce qu'il y a quelque chose de plus concret ou de plus précis que vous craignez par rapport à ce qu'on voit actuellement, la guerre tarifaire?

Mme Lambert (Janique) : Bien, on voit... Dans le fond, j'ai trois rapports d'audits de performance. J'ai une étude qui est faite. Puis il y a des... Il y a des lacunes qui ont été identifiées dans ce rapport qui est tout... Dans le fond, les changements climatiques font partie intégrante de tous mes rapports. Puis cette année, en plus des changements climatiques, c'est la biodiversité. C'est que les lacunes identifiées, additionnées avec, comme, l'incertitude qui est présente, présentement, je crois que... En tout cas, avec les... Disons qu'il y a une identification, il y a une illustration très claire, là, dans mon rapport, de toutes les lacunes identifiées et toutes les corrections qui devront être prises, ne serait-ce que dans tous ces secteurs-là. Et ça fait que c'est ce que je vous répondrais, là. Dans le fond, tout est... tout est là dans mon rapport. Puis même nos rapports passés également, l'année passée sur l'agriculture, le rapport qu'on a fait sur les milieux humides et hydriques qu'on a déposé en 2023. Ça fait que c'est toutes des considérations qu'il ne faut pas oublier dans les... dans les projets futurs.

Journaliste : Donc, vous avez déjà des indicateurs comme quoi les efforts sont limités ou repoussés. Vous le voyez déjà.

Mme Lambert (Janique) : Bien, on voit... La meilleure image, c'est... ce sont les rapports. Au niveau de la forêt, ce que je mentionne, c'est au niveau de l'adaptation. Dans le fond, le rapport sur les forêts, il a été pensé pour dire comment la forêt va s'adapter, tout le genre de... le type de planification, la façon de gérer notre forêt actuellement. Puis on voit que la prise en compte des changements climatiques n'est pas prise... n'est pas tenue compte suffisamment a priori lorsqu'on décide des possibilités forestières, lorsqu'on planifie, on fait les aménagements... la planification de l'aménagement sur le territoire, puis même tout le carbone forestier n'est pas encore considéré. Ça fait que, si on prend juste l'exemple de la forêt, bien, c'est... ça donne quand même une bonne indication, là, au niveau... au niveau de la prise en compte des changements climatiques, qui doit être accélérée.

Le Modérateur : Merci. Charles Lecavalier, La Presse.

Journaliste : Bien, juste sur le même sujet, là, M. Charette, ce matin, a déjà répondu en disant que, bien, il y a un nouveau contexte, une nouvelle conjoncture, qu'il faut qu'on reste compétitif puis qu'il n'est pas question de mettre de pression additionnelle aux entreprises. Ce genre de commentaire là, est-ce que ça vous rassure ou ça vous inquiète par rapport à votre éditorial?

Mme Lambert (Janique) : Je mets mon chapeau de commissaire au développement durable, qui nécessitait déjà en 2010 d'avoir un virage nécessaire, de changer nos façons de travailler pour avoir... faire en sorte que les générations futures... présentes et futures puissent avoir, comment je pourrais dire, autant un environnement sain, une biodiversité qui est capable de continuer à rendre ses services écologiques, d'avoir... que ce soit économique, que ce soit environnemental, que ce soit sociétal.

Puis l'autre exemple, au niveau du réchauffement dans... Tu sais, les îlots de chaleur, ça a un coût pour la société. C'est... Puis il y a une étude récente qui ressort que... on parle de... au niveau des soins de santé, c'est 15 millions par année. Puis, lorsqu'on parle du... de la perte de bien-être, de... en général, dans les... excusez la terminologie, dans les pointes de chaleur, bien, on parle de 3,6 milliards, puis ça, ça peut encore être multiplié par trois, par cinq. Ça fait que ça a des coûts économiques de ne pas s'en charger. C'est ce que je voulais... je veux dire.

Ça fait qu'on peut avoir des nouveaux défis, on peut avoir des nouveaux enjeux qu'on doit adresser, puis je ne vais pas mettre en compte les décisions gouvernementales, mais il ne faut pas oublier qu'on a une loi sur le développement durable qui avait l'objectif d'avoir une vision à long terme et qu'il y a des engagements qui ont été pris clairement par le gouvernement en termes de biodiversité et de changements climatiques.

Journaliste : C'est ce que j'allais vous dire, dans le fond. Parce que ce n'est pas écrit tel quel dans le rapport, mais on comprend que votre crainte, c'est que les cibles climatiques du Québec et les cibles de protection du territoire de 2030 soient repoussées. C'est ça, c'est ça, la crainte ultime.

Mme Lambert (Janique) : Bien, au niveau... au niveau des cibles de protection de 2030, ce qui est très important, c'est : au-delà du pourcentage, au-delà de la superficie des aires qu'on veut protéger, il faut avoir les bonnes aires, il faut pour protéger les bonnes choses. Vous savez, au Québec, la biodiversité n'est pas la même. Quand on prend la couronne nord de Montréal ou quand on prend la Gaspésie, bien, ce n'est pas la même biodiversité. Ça fait qu'il faut déjà savoir... L'objectif de l'aire protégée, c'est protéger la biodiversité. Donc, il faut s'assurer d'avoir des aires protégées qui protègent la biodiversité que nous voulons préserver, de la gérer puis faire en sorte qu'à court, moyen, long terme la biodiversité soit protégée. Ça fait que c'est la qualité. Le réseau d'aires protégées, il doit être de qualité avant même de cibler le pourcentage.

Journaliste : Puis je vous amène... je n'ai pas le choix de vous en parler, là, il y a un projet de loi qui a été déposé hier, qui concerne directement, là, deux de vos chapitres, les aires protégées puis le ministère des Ressources naturelles... Bien, est-ce que vous en avez pris connaissance?

Mme Lambert (Janique) : Bien, comme vous, hein, j'ai vu que ça a été déposé à 3 heures... bien, en tout cas, vers la fin de l'après-midi.

Journaliste : C'est ça, mais... Ça fait que je comprends que c'est peut-être difficile d'avoir une position, disons, très, très fouillée sur le projet de loi. Mais il reste quand même qu'en créant une nouvelle zone d'exploitation forestière intensive où il ne sera pas permis de faire des aires protégées au gouvernement, puis ça va concerner à peu près le tiers de la superficie des forêts publiques québécoises, là, là où il y a de l'exploitation forestière, nécessairement ça va être un frein. C'est-à-dire que le... Je veux dire, je vois... je vois... on ne pourra plus y faire des aires protégées. Donc, est-ce que vous, vous voyez une lumière jaune ou une lumière rouge avec cette façon de faire là? L'aménagiste forestier régional qui va décider de ces zones-là, il va le faire, disons, indépendamment de ce que... des plans du ministère de l'Environnement puis... Donc, il y a peut-être un risque qu'on se retrouve avec des restes pour faire les aires protégées, justement.

Mme Lambert (Janique) : C'est sûr que je ne peux pas commenter le projet de loi d'hier. C'est un projet de loi. Puis, bon, on... C'est hier en fin de journée, on s'entend. Mais mon équipe, c'est sûr qu'on va suivre le dossier passionnément. Puis il ne faut pas oublier que peu importe les lacunes qui sont identifiées dans le rapport sur la forêt au niveau de l'adaptation aux changements climatiques demeure ce fait qui... Nous, nous allons... Nous allons le suivre, mais il devra y avoir des actions faites par le ministère pour faire en sorte de corriger les lacunes qui sont identifiées dans le rapport. Puis en termes d'aires protégées... En termes d'aires protégées, bon, bien, c'est sûr que c'est un... c'est un défi pour le ministère de l'Environnement d'aller chercher une collaboration. Vous savez, le territoire, c'est... Il y a plein d'activités d'intérêt. C'est tout... Dans le fond, c'est de l'aménagement du territoire, hein? Si on décide qu'est ce qu'on on met en aire protégée, qu'est ce qu'on veut en forêt, qu'est-ce qu'on... puis d'autres activités également, donc, ça sera... Puis d'ailleurs, on le mentionne dans le rapport des aires protégées que le ministère devra revoir son processus pour que ça soit plus... Je ne sais pas si «facile» est le bon terme, mais que ce soit un peu plus facile, je vais le garder, un peu plus facile pour le ministère d'aller chercher une certaine collaboration de leurs pairs pour s'assurer d'avoir des aires protégées pour protéger la biodiversité. Comme je vous le mentionnais plus tôt, les aires protégées, ce n'est pas de dire : Bon, O.K. On a atteint un pourcentage. Non, non, il faut protéger ce qu'on doit protéger finalement.

Journaliste : O.K. Quand vous dites ça, je ne peux pas m'empêcher de le... Comment dire ça? Je vais formuler la question ainsi : Si on veut s'assurer de protéger les bons endroits, là, bien, quand va venir le temps de faire les aires forestières intensives, là, ça veut dire qu'il faudrait... il faudrait à tout le moins qu'on qu'on identifie en premier lieu les endroits qu'on veut protéger, non? Si on fait les... Si on choisit en premier les zones d'exploitation forestière, là, bien, c'est en contradiction avec ce que vous nous dites qu'il faut... qu'il faut protéger les bons endroits, non?

Mme Lambert (Janique) : Oui, on va... On va suivre. Dans le fond, là, il est trop tôt pour dire comment ça va fonctionner. Là, ils sont à l'étape d'un projet de loi déposé hier. Ça fait que c'est quand même un projet de loi déposé très récemment. On va voir comment... comment le projet de loi... quel sera le projet de loi à la fin, finalement, suite aux consultations, puis on verra quels seront les mécanismes. Puis je pourrai me prononcer lors... lorsque je ferai le suivi.

Journaliste : ...un peu frustrant pour vous, c'est-à-dire que, finalement, on comprend que vous, c'est que dans quatre ans vous allez faire un rapport pour dire que... Bien, de la façon dont ça a été fait, ça a empiré la situation. Mais vous ne pouvez pas agir en amont. Vous ne pouvez pas, disons, vous positionner. Est-ce que vous pouvez... Est-ce que vous allez pouvoir déposer un mémoire, par exemple, sur ce projet de loi là?

Mme Lambert (Janique) : Bien, il arrive, là, lorsqu'il y a des projets de loi, que je suis invitée en consultation, puis ça me fait toujours un grand plaisir, là, d'y participer. Puis si jamais on m'invite pour ce projet là, ça me ferait un grand plaisir, là, d'y être présente.

Journaliste : Mais allez-vous le demander? Excusez-moi, François Carabin, Le Devoir. Je vais me permettre quelques questions. Allez-vous demander à être invitée pour l'étude de ce projet de loi là en particulier?

Mme Lambert (Janique) : Il manque un peu d'information, parce que, là, je pense que les consultations, habituellement, c'est sous invitation. Ça fait qu'on va voir la suite des choses.

Journaliste : ...vous pourrez faire en mémoire, même sans être invité.

Mme Lambert (Janique) : Je verrai avec mon équipe. Je ne peux pas vous dire, c'est trop récent, on ne s'est pas positionné à cet égard-là.

Journaliste : Je reste là-dessus quand même, Mme Lambert, parce que, dans votre rapport, vous dites : Tel qu'elle est réalisée, la planification forestière met une pression supplémentaire sur la forêt et pourrait affecter sa durabilité. Hier, ce que la ministre nous a dit en conférence de presse, puis qui est essentiellement un objectif, là, implicite du projet de loi, c'est d'augmenter le volume de bois récolté. Est-ce que ce n'est pas un peu contradictoire avec ce que vous dites, de demander ou, en fait, de déposer un projet de loi pour, à terme, augmenter le nombre de... le volume de bois récolté au Québec?

Mme Lambert (Janique) : Il y a des éléments quand même qui manquent, là, dans le fond. Comment est-ce qu'ils vont... Qu'est-ce... Comment... Parce que je n'ai pas lu le projet de loi puis c'est difficile pour moi. Comment ils vont s'y prendre? Quel est l'objectif? Comment? Ça fait que suite... Suite à une lecture, là, puis si je suis convoquée en commission parlementaire, bien là, je vais être plus à même de me prononcer en lien avec le rapport que je dépose, que j'ai déposé aujourd'hui. Je vais être capable de, justement, de justifier, de signifier peut-être certaines grandes préoccupations à cet égard.

Journaliste : Bien, actuellement, les orientations du gouvernement par rapport à la récolte de bois ne vont pas dans la bonne direction selon vous, là. Ça, c'est ce que vous dites dans votre rapport.

Mme Lambert (Janique) : Bien, ce que... Il y a plusieurs éléments qui sont mentionnés dans le rapport. Mettons, si on prend juste au niveau de la prise en compte des changements climatiques, ce qu'on dit, c'est qu'a priori, dans le fond, ce n'est pas tenu compte ou peu tenu compte dans les calculs de possibilité forestière, dans la quantité de bois qui sont attribués. Puis ce qu'on dit également, c'est... parce que plus... La gestion forestière, c'est très complexe, hein? Puis, pour y arriver, il y a plusieurs éléments. C'est de considérer les changements climatiques, s'assurer que la structure d'âge des forêts soit le plus près d'une forêt naturelle, puis tout ça pour faire en sorte d'avoir des forêts qui sont résilientes aux problématiques qui peuvent arriver comme un feu de forêt. Vous savez, si une forêt qui est très jeune, très jeune, qui n'a pas eu le temps de... bon, on va dire juste très jeune, bien, elle va être beaucoup moins résiliente ou pas résiliente du tout à un feu de forêt. Ça fait que c'est ce qui fait... Puis ce qu'on a pu voir dans le rapport aussi, c'est que, lorsque, par exemple, au niveau de la structure d'âge des forêts, bien là, si on prend deux unités d'aménagement puis on les fusionne, bien, une forêt pouvait avoir... on pouvait avoir une problématique au niveau de la structure d'âge, mais, lorsque fusionnée, bien, elle se trouve à être globalement correct puis on peut continuer à faire de la récolte forestière. Ça fait qu'il y a plusieurs éléments dans mon rapport qui viennent appuyer, justement, que la façon de planifier, la façon de gérer la forêt met une pression sur celle-ci, là, présentement.

Journaliste : Je veux juste revenir à votre petit commentaire éditorial sur la guerre tarifaire, là, le contexte tarifaire avec les États-Unis. Vous parlez du contexte actuel, donc, particulièrement en raison de l'incertitude commerciale, mais quel rôle est-ce que le déficit actuel du gouvernement du Québec, qui a atteint un taux historique en mars, joue dans vos inquiétudes? Est-ce que le fait que le gouvernement pourrait adopter des mesures d'austérité ou des mesures de réduction des dépenses vous inquiète aussi pour la lutte contre les changements climatiques?

Mme Lambert (Janique) : Ça serait difficile pour moi de répondre avec peu... c'est un peu... assez vague, là, dans le fond, là, comme information. C'est sûr que c'est une... vous avez raison, il y a un contexte budgétaire présentement qui est un peu plus difficile. Mais, vous savez, le développement durable, c'est une façon de penser, une façon de gérer qui doit être réfléchie en amont. Ça fait que, moi, ce que je dirais, c'est qu'il faut... malgré le contexte budgétaire, il faut avoir une vision à long terme des prises de décisions qui se prennent aujourd'hui, puis les changements climatiques en font partie. Puis la biodiversité, bien, elle fait partie de toute manière de la Loi sur le développement durable, c'est un des principes. Ça fait que c'est ce que je mentionnerais. Ce sont des crises, ce sont des grands enjeux mondiaux. Pour le gouvernement également, ça représente de grands enjeux. Puis on doit continuer de faire les bonnes actions pour y faire face.

Le Modérateur : O.K. Bien, j'avais une dernière question très précise, là, sur le chapitre est consacré aux territoires nordiques. Vous dites, dans ce rapport-là, que vous n'êtes... dans ce rapport d'audit, que le gouvernement du Québec devrait dépenser plus de 600 millions pour les sites miniers abandonnés en territoires nordiques. Puis vous dites également que la facture risque d'augmenter. Avez-vous calculé de combien?

Mme Lambert (Janique) : Le solde... Le montant que je fais part dans l'étude, c'est un montant qui est déjà... c'est déjà dans les états financiers du gouvernement. C'est un passif, un passif environnemental. Puis ce qu'on dit, les coûts devraient augmenter, c'est en raison des changements climatiques. Mais non, on n'a pas procédé aux calculs pour faire une extrapolation, là, sur l'avenir.

Journaliste : Êtes-vous capables d'évaluer minimalement... je veux, dire, est-ce qu'on parle du double ou on parle de...

Mme Lambert (Janique) : Non. Bien, dans le rapport... Dans l'étude, on n'en parle pas, pas du tout. Je ne sais pas si, Moïsette, tu veux compléter, mais...

Mme Fortin (Moïsette) : Bien non, dans le fond, c'est qu'il va y avoir de la caractérisation de certains sites qui est à refaire. Donc, c'est des dépenses... C'est à ce moment-là qu'ils vont vraiment savoir qu'est-ce que ça coûte pour restaurer des sites.

Le Modérateur : Merci. Caroline Plante, La Presse canadienne.

Journaliste : Une petite précision. Avez vous été consultés en amont par la ministre des Ressources naturelles avant le dépôt du projet de loi?

Mme Lambert (Janique) : Non, pas du tout.

Journaliste : Non. Puis, plus généralement parlant, est-ce que ce serait souhaitable que le gouvernement vous consulte davantage en amont?

Mme Lambert (Janique) : Je n'ai pas un rôle de conseiller. Dans le fond, lorsque la loi, elle a été adoptée, c'était d'avoir un organe de contrôle, donc pour avoir toute l'indépendance nécessaire pour assumer ce rôle. Ça fait que c'est ça, j'ai un rôle de contrôle, j'ai un mandat précis dans la Loi du Vérificateur général, ça fait que c'est tout sauf un rôle de conseiller.

Le Modérateur : Merci. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse.

Mme Lambert (Janique) : Bien, merci.

(Fin à 11 h 57)


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