Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Dix heures trente minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Alors,
bonjour, tout le monde. Lendemain d'élections fédérales, évidemment. Donc, je
veux d'abord saluer les candidats qui ont osé faire le saut, osé faire de la
politique et participer à cet exercice démocratique. J'ai évidemment une pensée
sincère pour les candidats et les candidates du Bloc pour qui j'ai vraiment du
respect et de l'affection. Certains d'entre eux n'ont pas été réélus, donc j'ai
une pensée pour eux, pensée pour les militants et les militantes, souvent du Parti
québécois et du Bloc en même temps, qui ont vraiment tout donné, qui ont très
bien travaillé.
Ce n'est peut-être pas le résultat
souhaité dans le sens où c'est un résultat où le Québec a passé proche d'avoir
entre ses mains la balance du pouvoir, dans le cadre d'un gouvernement
minoritaire, qui aurait pu appartenir au Bloc. Ce n'est pas le cas dans le
cadre d'un résultat serré. Et c'est dommage parce que, comme je l'ai exprimé à
plusieurs reprises avant la campagne, mais quand même assez souvent pendant la
campagne également, en donnant un nouveau mandat aux libéraux de Mark Carney,
on doit constater pendant la campagne que l'intention de Mark Carney, c'est la
continuité des politiques de Justin Trudeau.
Et, moi, ça fait bientôt près de cinq ans
que je suis chef du Parti québécois et que je passe du temps à dénoncer à quel
point les politiques du fédéral sous les libéraux sont préjudiciables aux
intérêts du Québec. Donc, immigration incontrôlée et sabotage de notre
frontière, ça a donné lieu à une crise du logement puis un recul du français
qui est orchestré de toute pièce par le fédéral. L'endettement sans précédent
du fédéral, au même moment où on a une explosion de la bureaucratie fédérale,
qui fait quoi essentiellement, qui dédouble ce qu'on fait déjà à Québec et qui
crée des chicanes entre des paliers de gouvernement qui ne s'entendent pas. La
contestation de nos lois, démocratiquement élues ici, à l'Assemblée nationale.
Et Mark Carney a confirmé pendant la campagne que c'est ça qu'il va continuer de
faire. Et même chose pour les refus des demandes légitimes du Québec. Vous
aurez noté que pendant la campagne, non seulement je suis intervenu ici à deux
reprises, trois fois sur mes médias sociaux, mais on a obtenu une motion
unanime de l'Assemblée nationale pour obtenir le remboursement de 800 millions de
dollars d'argent des Québécois, là, qui a été puisé dans notre poche pour faire
des chèques aux autres provinces, à tout le monde, sauf au Québec. Et ça a été
refusé par Mark Carney.
Donc, on se prépare à ce que je pense va
être un gouvernement assez hostile et/ou indifférent aux intérêts du Québec. Et
on va faire notre travail le mieux possible.
Parlant de faire notre travail le mieux
possible, ce jeudi à Victoriaville, ouverture de notre campagne dans
Arthabaska, jeudi 14 h. Je vois des journalistes anglophones qui ont l'air
très intéressés, «be there or be square.».
Journaliste :
I won't be there.
M. St-Pierre Plamondon : Ah! Mais
donc, nous, on a une campagne qui s'amorce, qui a... qui va soulever beaucoup
de questions d'intérêt en politique québécoise. Et on a bien hâte de démarrer
ça ce jeudi. Sur ce, je vais prendre vos questions.
Journaliste : ...plusieurs...
plusieurs trucs. Vous perdez un candidat potentiel pour la prochaine élection.
Alexis Deschênes a été élu hier dans la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Est-ce
que... Je comprends, là, que vous ne pouvez pas être déçu de l'élection d'un
député du Bloc, mais est-ce que quelque part, il n'y a pas une certaine
déception de ne plus avoir un candidat qui était considéré comme un candidat
vedette pour vous là-bas?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
c'était un candidat vedette pour nous là-bas et c'est quelqu'un que je respecte
beaucoup. Puis, honnêtement, quand on l'a vu gagner, on était tous ensemble
puis on avait de la joie pour lui, là. Tu sais, je... Il méritait de gagner. Il
en a perdu d'autres avant. Il a fini par pouvoir réaliser son rêve de devenir
député. On l'aurait aimé dans notre équipe, mais de le voir gagner, honnêtement,
pour nous, c'était un moment touchant.
Journaliste : Qu'est-ce qui a
fait que les Québécois n'ont pas... n'ont pas écouté ce que vous aviez à dire,
d'une certaine façon? Quand vous avez dit, la semaine dernière, que Mark Carney
était une menace existentielle pour le Québec, vraisemblablement, des Québécois
qui n'étaient pas d'accord avec vous, qui ont envoyé une majorité de députés
libéraux. Qu'est-ce qui a fait que votre message n'a pas passé, d'une certaine
façon?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
ce sont des élections dans un contexte un peu ahurissant, là, où est-ce que
Donald Trump envoie des messages aléatoires à tous les jours, là. Donc,
clairement, ce n'est pas une élection normale. C'est une élection dans le cadre
duquel aussi le Bloc est maître de sa stratégie. Donc, ce n'est pas notre
campagne, de sorte que, si le Bloc commence la campagne en disant : On
suspend l'indépendance pour un an et ensuite on valide Mark Carney d'une
certaine manière en disant : On a hâte de collaborer avec lui, j'ai obtenu
son cellulaire, etc., vous le savez, là, vous connaissez nos positions, ça
limite également le degré d'intervention qu'on peut faire dans le but de ne pas
nuire à la campagne du Bloc, qui fait ses propres choix et qui, dans la mesure
où les choix ne correspondent pas à ce qu'on a dit puis à ce qu'on pense au
Parti québécois, ne permettent pas d'avoir les deux partis côte à côte, parce
qu'évidemment les journalistes ont du travail... les journalistes sont
compétents puis ils vont dire : Bien là, vous ne dites pas la même chose
sur ce sujet-là. Donc, on veut... on ne voulait pas être une distraction dans
la campagne. On est allés le plus loin qu'on pouvait pour sensibiliser la
population que Mark Carney risque à... tu sais, risque fortement de ne pas
collaborer avec le Québec et...
Journaliste : ...désapprouvez
la stratégie du Bloc, c'est ce que vous dites?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est-à-dire que le Bloc est maître de ses stratégies, et, dépendamment de la
stratégie du Bloc, il y a un degré qu'on peut aller ou qu'on ne peut pas aller,
parce qu'on ne peut pas se parjurer sur ce qu'on pense puis sur ce qu'on prône.
Journaliste : Donc, la
stratégie du Bloc a fait en sorte que vous n'avez pas pu les aider, c'est ça
qu'on comprend?
M. St-Pierre Plamondon : Je
les ai aidés le plus loin que je pouvais. Puis Pascal Bérubé n'a ménagé aucun
effort pour faire élire Alexis Deschênes.
Journaliste : Si la stratégie
avait été différente, vous auriez pu davantage aider le Bloc?
M. St-Pierre Plamondon : Les
mots... Les mots sont importants, là. La stratégie adoptée par le Bloc, qui
valide Mark Carney comme collaborateur, comme quelqu'un qui s'apprête à
collaborer avec le Québec, fixait des limites à ce que le Parti québécois
pouvait faire dans les circonstances, parce que ce n'est pas ça qu'on pense. Et
ça explique mon message de fin de campagne en disant : Comprenez ce que
c'est, Mark Carney, c'est une menace aux intérêts du Québec. Et à en juger par
les 10 ans de Justin Trudeau, ce n'est pas n'importe quelle menace. On a
vraiment essayé de sensibiliser en ce sens-là, mais ce n'est pas évident.
Journaliste : ...un appui à
quatre jours du vote, là, puis il y a certaines personnes qui trouvaient
curieux que vous ayez mis votre appui quatre jours avant... avant le vote.
Yves-François Blanchet a dit qu'il trouvait ça intéressant que vous soyez
discret, ceci dit, là. N'empêche que c'est-tu en raison de la position du Bloc
que vous avez attendu comme ça ou...
M. St-Pierre Plamondon : Là,
par contre, les faits sont importants. En début de campagne, j'ai dit que
j'allais voter pour le Bloc. Pendant la campagne ici, là, je peux vous redonner
tous les extraits de points de presse, j'ai expliqué pourquoi on ne pouvait absolument
pas donner une majorité à Mark Carney et que ça posait problème, puis là vous
m'avez posé la question : Pour qui allez-vous voter? Le Bloc. J'ai voté
pour le Bloc, je l'ai annoncé cinq jours à l'avance. On a fait une passe sur la
palette au Bloc avec une motion unanime, à l'initiative du Parti québécois,
exigeant le remboursement des 800 millions de dollars de notre poche
qui ont servi à des chèques électoraux partout au Canada, sauf chez nous. Mais,
si, le lendemain matin, le Bloc répond : On veut collaborer avec Mark
Carney, c'est leur campagne, ce n'est pas la nôtre, puis c'est important de
distinguer. Ce n'est pas mon rôle de mener campagne à la place du Bloc. Le Bloc
est maître de ses décisions. Nous, on a, sur une base régulière, réitéré notre
appui. Puis je veux mentionner que, sur le terrain, regardez le travail des
députés, regardez les bénévoles du Parti québécois, on a tout donné pour aider.
Journaliste : Mais une
collaboration du Bloc québécois avec le gouvernement Carney, c'est bon ou ce
n'est pas bon, d'ici les élections au Québec, ça?
M. St-Pierre Plamondon : Ça
n'arrivera pas. Et j'ai fait des prédictions, des fois, périlleuses ou
risquées, j'ai déjà prédit sur le serment au roi ou j'ai prédit que les
Canadiens se qualifieraient en séries éliminatoires. Ce matin, je vais vous
faire une prédiction beaucoup moins risquée : le gouvernement Carney ne
collaborera pas avec le Québec, et nous ne sommes pas en position d'obtenir
autre chose que ce que Justin Trudeau nous a réservé pendant 10 ans,
c'est-à-dire immigration incontrôlée et sabotage de la frontière, endettement
monstre et dédoublement de tout ce qu'on fait, empiétement dans nos champs de
compétence, refus de toutes les demandes légitimes du Québec et contestations
judiciaires des lois de l'Assemblée nationale. Il l'a dit pendant...
Journaliste : ...
M. St-Pierre Plamondon : Je
vais juste finir. Il l'a dit pendant la campagne. Carney a confirmé que c'était
ça, ses orientations. Donc, ensuite, c'est dommage qu'on est passé proche
d'avoir la balance du pouvoir, mais...
Journaliste : Mais le Bloc
est naïf? Yves-François Blanchet est naïf de penser qu'il peut collaborer?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
je n'ai pas dit ça. Je dis simplement... Je dis simplement que nous, parce que
la question que... qui génère tout ça, c'est de dire l'implication du Parti
québécois puis qu'est-ce qu'on aurait pu faire, ne pas faire, on est allés le
plus loin qu'on pouvait pour soutenir le Bloc sur le terrain comme publiquement,
mais dans le respect de ce qu'on pense et de ce qu'on a dit puis ce qu'on
continue à dire, à savoir que la seule solution à cette impasse-là d'un régime
canadien hostile aux intérêts du Québec, c'est d'en sortir, et ça s'appelle
l'indépendance du Québec.
Journaliste : Mais la
majorité... en fait, la majorité sur les conservateurs de Mark Carney hier, là,
tient au fait qu'il a fait des gains au Québec. Donc, est-ce qu'il n'est pas un
peu redevable envers les Québécois, M. Carney?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
de lui accorder beaucoup de bonne foi, compte tenu qu'il a menti sur son appel
de Donald Trump puis qu'il n'a pas été sensible à quoi... Tu sais, c'est une
campagne, là, qui n'est pas axée sur le Québec, exactement comme la main haute
de Justin Trudeau, là. Prenez la campagne pour ce qu'elle est, les signes sont
nombreux.
Puis, je veux dire, si je me trompe, et
que Mark Carney collabore... Et c'est un scénario qui s'est déjà matérialisé.
Lorsque les indépendantistes deviennent forts, quand ils sont au pouvoir
particulièrement, l'ironie de l'indépendantisme, c'est que c'est des périodes
qui génèrent souvent des compromis du fédéral. On comprendra pourquoi, le
fédéral se dit : Je ne veux pas donner plus d'élan à ce mouvement-là, donc
je vais leur donner un compromis. Donc, si jamais il y a une écoute puis des
compromis, je serai le premier à être surpris, être heureux. Mais pendant la
campagne, quand l'Assemblée nationale parle d'une seule voix, en disant :
On veut une participation dans la nomination des juges et on veut nos
800 millions, on se fait répondre non le jour même, exactement comme
Justin Trudeau le faisait.
Journaliste : Mais il y a
même une réalité du vote, là, puis, en ce moment, Mark Carney, il n'a pas le
choix de regarder vers le Québec puis dire... puis dire merci, parce que, sans
le Québec, il n'est pas là, là.
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne pense pas que Mark Carney se dit : Je vais dire merci aux Québécois. Il
se dit : Comment je peux gouverner? Puis ce qu'il voit, c'est une addition
entre les Verts, le NPD puis ses libéraux, et ça lui donne une majorité stable.
Journaliste : ...vous avez
dit tout à l'heure : Nos militants du PQ, c'est les mêmes, à peu près, que
le Bloc. Mais vous critiquez aussi la stratégie du Bloc. Est-ce que vous ne
craignez pas, quand même, que cet... ce rejet du Bloc, des souverainistes,
est-ce que ça pourrait avoir un impact sur les prochaines élections ici, au
Québec, aussi?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non. Donc, on a donné l'instruction très claire de tout donner pour le Bloc. On
l'a bien exécutée. La preuve, c'est l'implication de Pascal Bérubé dans
l'élection d'Alexis Deschênes. J'ai parlé à Yves-François Blanchet ce matin,
puis on a convenu d'une rencontre, où est-ce qu'on va tenter de s'arrimer pour
la suite des choses. Donc...
Journaliste : Sur l'impact
sur la prochaine élection ici, au Québec, pour les souverainistes?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est ça, mais, je vous dis, nos positions, du côté du Parti québécois, sont
les mêmes et sont très constantes. On a fait Terrebonne, d'ailleurs, en se
présentant comme on est puis en disant : Nous autres, c'est ça, notre
option, et voici pourquoi. On va continuer dans cette constance-là. Donc, il
faut juste distinguer les contextes, distinguer que ce n'est pas le même parti,
mais se rappeler que... En tout cas, on a déjà convenu qu'on retravaillerait
ensemble, lors d'une rencontre, sur ces questions-là.
Journaliste : ...en 2026, le
contexte dont vous parlez, qui n'est pas normal, pourrait favoriser des partis
fédéralistes. C'est un peu ça, la question. Est-ce que c'est le message que
vous lisez dans les résultats d'hier? Est-ce que c'est une crainte que vous
avez?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
on a mené quand même la partielle de Terrebonne en plein cœur de l'anxiété
Trump, là. C'était le début, c'était violent...
Journaliste : Mais une
partielle, c'est différent d'une élection générale.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je veux bien, là, mais, quand même, Terrebonne est sorti à 53 % pour le
Parti québécois. Donc, est-ce qu'on est capables de se présenter à l'électorat
pour ce qu'on est et ce qu'on pense, en l'expliquant clairement, puis obtenir
l'appui de la population? Moi, je pense que oui, on l'a démontré à plusieurs
reprises. Je ne prends rien pour acquis, là, dans le sens que vous avez raison
de soulever que c'est quand même une période de l'histoire de l'Occident qui
est pour le moins trouble. Là-dedans, nous, on essaie d'incarner le service de
la vérité, le service de la population, suivant ce que le fondateur du Parti
québécois a prôné dès le départ.
Mais dans un environnement de plus en plus
polarisé, où la discussion est de plus en plus ardue, les insultes de plus en
plus nombreuses, des menaces contre les élus, qu'on a vécues nous-mêmes... On
va quand même faire cette offre-là aux Québécois. Et moi, j'ai confiance, pour
répondre à votre question, que cette offre-là va trouver preneur.
Journaliste : Mais le
contexte vous nuit, le contexte actuel vous nuit.
M. St-Pierre Plamondon : Le
contexte change. Surtout... Tu sais, j'essaie de ne pas me poser en
commentateur, là, mais c'est très frustrant pour moi, comme chef du Parti
québécois, qu'on ait donné à ce point un chèque en blanc à Mark Carney comme
quoi il va nous protéger de Donald Trump. Avez-vous vu comment Donald Trump
peut changer du tout au tout en l'espace de 24 heures ou d'une semaine?
Donc, le contexte dont vous parlez sera probablement complètement différent
dans deux semaines. Ce n'est pas normal, mais c'est ça, la réalité, c'est que
le contexte est appelé à changer. Et nous, on a choisi là-dedans, au Parti
québécois, d'être constants et d'être nous-mêmes, en toutes circonstances, et
on soumettra, avec modestie, au jugement des Québécois dans un an, en ne
sachant pas c'est quoi le contexte...
Mais convenons que c'est des contextes qui
bougent très rapidement, et qu'à la à décharge du Bloc. C'est un environnement
électoral qui était difficile, anormal.
Journaliste : La stratégie du
Bloc, ça a coûté combien de circonscriptions au parti?
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
je n'ai aucune idée. Moi, ce qui est important pour moi ce matin, c'est de dire
que j'ai de l'appréciation pour les députés bloquistes. Je le sais, qu'ils sont
indépendantistes, puis je le sais, qu'on aurait voulu qu'ils soient plus
nombreux. Puis c'est important pour moi de dire qu'on a fait tout ce qu'on
pensait qu'on pouvait faire dans ces circonstances-là, mais je ne commencerai
pas...
Journaliste : ...
M. St-Pierre Plamondon : ...pour
répondre à votre question, à dire : Si on avait dit ça tel jour, on aurait
eu tel autre résultat, de la même manière que... Pour avoir vécu une
campagne... une élection générale, là, ça va vite, là, tu sais. Donc, il y a...
Journaliste : Mais il y a
beaucoup d'électeurs qui ont fait... qui ont écouté M. Blanchet puis ils ont
dit : O.K., on peut, on peut voter Carney, dans le fond.
M. St-Pierre Plamondon : Je
laisse ça aux analystes. Ce que je dis, c'est que nous, on ne pense pas que
Carney pouvait et on ne pense pas que Carney va collaborer avec le Québec, et
c'est très triste.
Journaliste : ...M. Blanchet
pour vous arrimer avec lui. Qu'est-ce que vous espérez du Bloc si ce n'est pas
la collaboration? Vous voudriez qu'il fasse... qu'il menace de faire tomber le
gouvernement libéral minoritaire?
M. St-Pierre Plamondon : Ils
ne sont pas en position de le faire. Donc, ce n'est pas eux qui ont la balance
du pouvoir ce matin, malheureusement. C'est ça que j'espérais. J'espère que le
Bloc revienne un peu plus à ses racines indépendantistes. Et on a un espace de
discussion, une rencontre qui aura lieu où est-ce qu'on va parler de ça de
manière à ce qu'on regarde en avant. Et il n'y a pas de problème dans
l'intervalle à défendre l'intérêt du Québec le mieux qu'on peut, mais
constatons que c'est un régime qui va nous ramener périodiquement... même si le
nom de la personne change, c'est un régime qui nous amène des gouvernements
hostiles à ce qu'on fait ici, à Québec, hostiles à nos lois, hostiles à nos
motions, hostiles à tout ce qu'on demande. Moi, je ne vois pas le bout de ça.
Je ne suis pas capable de dire aux électeurs : On va faire fonctionner le
Canada. Je n'y crois pas deux secondes. Et c'est le point de vue qu'on aimerait
défendre tous ensemble, compte tenu, évidemment, des limites à savoir qu'on
n'est pas dans le même contexte puis les choses diffèrent d'une fois à l'autre.
Journaliste : ...juste pour
bien comprendre le point, je veux bien vous situer. Vous dites : Si on
s'était impliqué davantage avec le Bloc, ça aurait dû diluer le message du Bloc
qui disait : On est prêts à collaborer avec Mark Carney.
M. St-Pierre Plamondon : C'est-à-dire,
on est allés le plus loin qu'on pouvait pour faire valoir que Mark Carney pose
une menace, parce que c'est la menace qu'on a connue sous Trudeau, puis c'est
la continuité et c'était préjudiciable au Québec, mais, en effet, on ne pouvait
pas aller au point où on est côte à côte avec le Bloc et que les journalistes
relèvent que, sur un paquet... sur une série de questions assez fondamentales,
on n'avait pas la même position parce que, dans quel cas, on aurait
potentiellement nui à cette campagne-là. Donc, notre but, c'était de ne pas
nuire, d'aller le plus loin qu'on peut pour aider, mais en étant conscients que
le bloc choisi, comme parti autonome, la stratégie qu'il juge appropriée puis
que ce n'est pas nécessairement notre stratégie en 2026, là.
Journaliste : Quelle
stratégie qui aura finalement permis à M. Carney de faire des gains?
M. St-Pierre Plamondon : Ça...
Moi, je ne peux pas faire de causalité. Je peux dire pourquoi on a fait
certaines choses, dire qu'on est allés le plus loin qu'on pouvait et réitérer
que, pour nous, il y a une seule solution vis-à-vis des régimes hostiles qui
vont juste se succéder puis un déclin qui est planifié sur le plan de notre
poids politique, de la culture, de la langue et de nos finances. La seule
solution, c'est l'indépendance du Québec. Nous sommes un parti indépendantiste.
Le Modérateur : On va...
Journaliste : Sur un autre
sujet, François Legault, hier, a présenté à ses députés, en caucus spécial, une
proposition de réinvestissement dans Lion Électrique d'une vingtaine de
millions de dollars pour appuyer le groupe de repreneurs québécois qui
demandent un réinvestissement. On parle entre 15 et 20 millions de dollars
que le Québec pourrait remettre dans le Lion Électrique. Est-ce que c'est une
bonne idée?
M. Bérubé : Écoutez, vous
nous l'apprenez, mais c'est fort de conséquences. Vous savez qu'il y a des
transporteurs au Québec qui ont été obligés d'acheter des autobus Lion. Pour
l'entretien, pour l'avenir, ils sont très fâchés contre le gouvernement du
Québec puis comme contribuables aussi de tous les fonds qu'on a mis là. Si
c'est le cas, le gouvernement va devoir se justifier. Mais c'est un gouffre. On
a perdu énormément d'argent. Pourquoi cet acharnement? Qu'est-ce qui rend cette
entreprise entreprise chouchou de la CAQ? Peut-être qu'on le découvrira. Mais,
manifestement, on n'a pas appris, là, des projets qui sont des gouffres financiers.
Alors, je présume que le... si le caucus est au courant, on va en apprendre
plus bientôt. Mais ce n'est pas une bonne nouvelle.
Journaliste : Mais là les
problèmes qu'il y a avec ça, c'est qu'on offre... on a... j'allais dire forcer,
mais ce n'est peut-être pas le bon terme, mais des entreprises de transport
scolaire à acheter...
M. Bérubé : J'en ai dans mon
comté.
Journaliste : ...à acheter
des autobus Lion. Si l'entreprise meurt, bien là, qui va faire le service de
ces autobus-là?
M. Bérubé : Oui, je veux
bien, mais, dès...
Journaliste : ...
M. Bérubé : ...dès le départ,
on a émis des règles pour que la seule entreprise qui puisse être le
fournisseur, c'est Lion. Ça, c'est la vérité. Après on a obligé tout le monde,
puis l'entreprise va toute croche. Toujours bien pas à cause des petites
compagnies de transport scolaire dans mon comté puis ailleurs que ça va mal. Ça
a été mal planifié puis on a perdu énormément d'argent. Alors, je connais un
gouvernement qui va devoir justifier dans les prochaines...
Journaliste : ...remettre
pour Lion?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
très difficile à justifier. C'est parce qu'il faut comprendre, au même moment,
il y a l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont pour lequel on n'a pas de fonds, dans
tout ce que vous connaissez de cet hôpital-là, mais des choix vraiment
crève-coeur sur le plan des services en santé, des coupures qui font mal ici et
là. Donc, cette facilité qu'on a à sortir le chéquier pour des entreprises,
elle ne passe plus ni dans la population ni parmi les élus qui ne sont pas à la
CAQ puis qui disent : Mais là, dans quel monde est-ce qu'on ne soignera
pas notre monde, on n'est pas capables d'avoir des hôpitaux, on ne fait pas
fonctionner certains services essentiels à la population, mais on va encore
ressortir le chéquier parce qu'au pif la CAQ décide qu'il faut investir dans
les mini carottes. Tu sais, le jour de la décote, là, je ne sais pas si vous
avez noté, le jour où la... le jour précédent la décote, le premier ministre a
consacré sa journée à d'autres subventions à la mini carotte. Puis je ne veux
pas poser un jugement sur chaque plan d'affaires, mais c'est simplement que la
population, à juste titre, répond : Le chéquier semble vraiment disponible
quand c'est l'entreprise qui veut des subventions puis des cadeaux, puis il
n'est pas au rendez-vous pour des services vitaux pour la population. Donc, ça
ne marche pas, là.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste :
Quebeckers voted massively for the Government
of... I'll let you... I'll let you laugh.
M. St-Pierre
Plamondon :
I'm
sorry, I'm sorry, he's... I'm sorry, my fault, my fault. It's...
Journaliste :
I guess it was a good one. I haven't
heard it.
M. St-Pierre
Plamondon :
He
just said that he would stop.
Journaliste :
...carrots are nice though.
M. St-Pierre
Plamondon :
Mini
carrots jokes.
Journaliste :
They're good for your health.
M. St-Pierre
Plamondon :
Yes,
good for the eyes, they say. Go ahead. Sorry for that.
Journaliste :
Good. So, Mark Carney make fundamental
gains in Québec last night even though you sent this message that Carney was an
existential threat for the province. So, are you saying to Quebeckers :
Just wait, you'll get your wake-up call when you realize what Mark Carney is
about for Québec?
M. St-Pierre
Plamondon :
Well,
I've made many predictions. Some of them were a bit risky, such as in the oath
to the King or the Canadiens making the playoffs, this one is less risky. To
say that Mark Carney will not collaborate and will not favour Québec's
interests in the upcoming years, in the context of that Government formed by
Liberals and NDP, is pretty obvious to me because that's what already happened
during the campaign. So, it's not even as if they tried to sell to Québec that
they cared. We had a unanimous motion saying : You just took $800 million
in our pocket to send cheques, electoral cheques everywhere in each province of
Canada except in Québec, can you just at least reimburse the part that was
financed by Quebecers? No. And all the demands were really dismissed with a
lack of interest that was also shown in the few declarations of Mark Carney
that showed that he doesn't know Québec, doesn't care that much.
Journaliste :
Do you believe that, that Mark Carney
doesn't know Québec? Is it that clear for you?
M. St-Pierre
Plamondon :
A
few instances during the campaign showed that he didn't have a large general
culture about Québec. But most importantly, it's not a contest of how much
knowledge you have on specifics. It's really Québec has a few demands, and are
there, among those demands, any demand that is met by your program. And the
answer was pretty clear during the campaign. So, we can't expect anything else
than what we already know under Trudeau, which is massive immigration with
consequences on the housing crisis that was basically created by the Liberal
Party of Canada under Trudeau and the French language being weakened again
and...
Journaliste :
...listen to you, Mr. Plamondon. So, do
you fear what may happen to your own party in 2026?
M. St-Pierre
Plamondon :
No.
Really, it's... it's the Bloc's campaign. It's not ours. The approach...
approaches may be different from a party to another. And we will submit
ourselves to the voters in 2026. And the odds... the odds that we don't get the
fundamental demands... Because that's the story of the CAQ. They said :
Give us a big mandate, a strong mandate, and we'll get so many victories in
Ottawa, you'll see, it's going to be great. And they really failed. So, the
odds of that changing under Mark Carney, given what we know, given what he said
during the campaigns, are very slim too, as I see it.
Journaliste :
The fact that you kept somewhat of a
distance with the Bloc during this campaign, is that because you didn't want to
be associated with losing ten seats and the image of the sovereignty movement?
And do you think the sovereignty movement took a hit last night in the minds of
Quebeckers who...
M. St-Pierre
Plamondon :
Well...
Journaliste :
...who went Liberal.
M. St-Pierre
Plamondon :
Yeah.
It did make some come back in the context that is really unusual. I have to
say, I actually intervened more in this campaign than the campaign of 2021. I
said that... I said that I was voting Bloc two times here.
Journaliste :
And together with Mr. Blanchet on the
stage in the campaign. That we saw.
M. St-Pierre
Plamondon :
There
was nothing in 2021, in that sense, neither. And as I explained earlier,
there's a few orientations in that campaign that is not PQ's campaign, but the
Bloc's campaign, that are contrary to what we actually defend and what we
actually said on several occasions, in which case we went as far as we can
without being a nuisance, without being on stage together with the Bloc, with
journalists asking us : Do you agree with the Bloc, knowing that we
actually said the contrary a few months ago. So, we did instruct all volunteers
in the Parti Québécois to go and help the Bloc Québécois. We did have Pascal
Bérubé, Joël Arseneau, Catherine Gentilcore, Pascal Paradis really giving an
effort, pushing for the best result as possible. Unfortunately, it didn't end
up as we hoped for. We didn't end up in a minority government in the hands of
the Bloc. It ends up with a minority government with the balance of power in
the hands of the NDP.
Journaliste :
Richmond-Arthabaska stayed with the
conservatives. How does that augur for you in the byelection, which has not
been called in that area in that Victoriaville region?
M. St-Pierre
Plamondon :
If
you look at the results in Terrebonne, for instance.
Journaliste :
...Terrebonne is only 28 votes apart at
this moment.
M. St-Pierre
Plamondon :
That's
it. And look at the results of the PQ a few months ago in Terrebonne. There's
just no direct causation or relationship between the results because there are
different contexts, different debates, different everything. So, it's not that
we... I mean, we acknowledge that Arthabaska did speak at the federal level in
a certain way. But are we going to change anything in what we wish for Québec,
what we think? We're just going to work as hard as we can and show that we
care, and that we can be very useful, effective for Arthabaska. And we're
hoping... we're looking forward to start it on Thursday.
Journaliste :
One last clarification. What... If you
have one message to send to Quebecers that gave their vote to Mark Carney last
night, what would you tell them?
M. St-Pierre
Plamondon :
That
I always respect how people vote and no matter what the result is, Parti
Québécois will always be loyal to Québec's interest, no matter how, no matter
what, no matter when. And loyalty, as I see it in the current context, leads to
the conclusion that we need to get out of Canada and create our own country.
Journaliste :
But should we continue to trust that
Mark Carney is good for Québec?
M. St-Pierre
Plamondon :
I
think time will answer your question very clearly. Not that much time, just a
little time will give you an answer, that it will be crystal clear.
(Fin à 10 h 58)