(Onze heures trente-deux minutes)
M. Dubé : Bonjour, tout le
monde. Bonjour à ceux qui sont dans la salle. Bonjour aux Québécois puis
surtout aux professionnels, aussi, de la santé qui nous écoutent aujourd'hui.
Je dois vous dire que ça m'a fait drôle de
savoir... de revenir dans cette salle-ci aujourd'hui. Ça rappelle certains
souvenirs sûrement pour... pas juste pour moi mais plusieurs d'entre vous. Ça m'a
fait drôle, tout à l'heure, de passer par ce fameux corridor pour venir dans
cette salle-là.
Je pense que c'est un geste très, très
fort que notre gouvernement fait aujourd'hui, fort mais important pour les
Québécois en matière d'accès. Et le projet de loi, puis il a un long titre,
mais je pense qu'il dit beaucoup, c'est un projet de loi qui vise
principalement à instaurer la responsabilité collective et l'imputabilité des
médecins quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux. Et le mot ici
qui est important, c'est le mot «accès». Et, depuis qu'on a déposé le plan
santé en mars 2022, on a mis en place une série d'initiatives pour améliorer l'accès,
l'accès aux soins des Québécois. Puis je vous donne quelques exemples parce que
c'est bon, des fois, de revenir puis de se dire... On a élargi le champ de
compétence puis d'intervention de différents professionnels, dont les IPS, les
pharmaciens, la création de cliniques IPS, la mise en place du GAP, le
renouvellement du GAP, mais aussi des modifications aussi récentes que les
conditions d'opération, par exemple, pour améliorer le support qu'on donne dans
les GMF.
Mais, quand même, force est de constater
que, malgré les efforts déployés, l'accès aux soins demeure insuffisant. Et ça,
les Québécois en sont conscients. Quand on leur dit : Qu'est-ce que vous
pensez du réseau de santé?, tout le monde dit la même chose : Une fois
qu'on est rentré, on est très satisfait, mais c'est d'y rentrer. Alors, c'est
de ça qu'on réfère lorsqu'on parle d'accès.
Puis, par exemple... je vous donne deux
exemples, autant pour la médecine familiale que pour les spécialistes. Quand on
a mis la... Quand on a fait la mise en place du GAP, on a réussi à augmenter le
pourcentage de population qui est couvert soit par un médecin de famille, ou
par une clinique, ou par un groupe de professionnels, mais on a atteint un
niveau d'à peu près 85 %, là, à plus ou moins 1 %, mais, depuis qu'on
a atteint ce niveau-là, cette prise en charge là, elle stagne, elle reste aux
alentours de 85 %. Puis une des raisons pour lesquelles elle stagne, c'est
que l'inscription individuelle à un médecin, elle est en baisse. Et ça, il faut
le reconnaître, ça n'aide vraiment pas pour l'accès à un professionnel de la
santé.
Je pense aux services spécialisés, donc
aussi du côté des... alors ce n'est pas juste les omnis, l'enjeu, mais du côté
des spécialistes, ce qu'on appelle le CRDS, donc le centre de rendez-vous pour
les spécialistes, en ce moment il y a plus de 900 000 consultations
qui sont en attente, 900 000, 900 000 consultations en attente
pour voir un médecin spécialiste.
Alors, je vais... je vais revenir sur un
enjeu, puis l'enjeu qui perdure, selon moi, depuis longtemps, puis, quand on
parle de longtemps, c'est un demi-siècle dans notre système de santé, c'est
50 ans. Et je vais vous lire un petit extrait du livre qui vient d'être
publié, qui est L'indomptable mammouth, sur l'histoire justement des
50 ans du réseau de la santé, puis je vais vous en lire un petit extrait
si vous permettez, et je commence : «Dans l'esprit de Claude Castonguay,
l'entente obtenue initialement avec les médecins, imposant peu d'obligations de
résultat sur le plan collectif, était censée être temporaire, le temps de
migrer vers un modèle plus à l'avantage des patients, mais le provisoire s'est
transformé en permanent. Le livre révèle les regrets d'un formateur... d'un
réformateur qui, malgré tous ses accomplissements, n'a pu résoudre cette
question fondamentale du statut des médecins dans le système qu'il a créé, un
enjeu qui, un demi-siècle plus tard, demeure entier.»
Tout à l'heure, j'ai entendu le premier
ministre me dire, au moment où j'ai déposé ce projet de loi là, on était face à
face, lui et moi, au salon rouge... il m'a dit : Christian, j'attends ce
moment-là depuis 23 ans. Et, moi, ce que j'aimerais dire à M. Castonguay,
s'il était encore avec nous : M. Castonguay, notre gouvernement sera celui
qui aura le courage de finalement agir sur la question de la responsabilité et
de l'imputabilité des médecins.
Maintenant, il y a quelques composantes...
puis je sais que vous avez eu, pour certains, là, un briefing technique ce
matin, mais j'aimerais revenir sur quelques éléments de ça ce matin, pour les
Québécois, pour essayer de garder ça simple. Puis on m'a dit de garder ça
simple, alors je vais le faire.
Quand on parle de prise en charge, je
pense que tout le monde s'entend qu'il faut aller un peu plus loin. J'ai parlé
de 85 % tout à l'heure, mais il faut, en fait, que chaque Québécois,
chaque Québécois, donc 100 % des Québécois, soit pris en charge puis ait
le meilleur accès dont ils ont besoin. Puis, pour moi, ce qui est important,
puis là je le pense en termes de gestionnaire, mais je pense qu'on peut le
faire en termes cliniques aussi, c'est d'être capable d'équilibrer, ce qu'on
dit souvent, l'offre puis la demande. La demande, c'est les soins que les
Québécois ont besoin. Qu'est-ce que c'est, l'offre? Bien, c'est l'offre
médicale, c'est l'offre pour les soins. Et, en ce moment, il y a un
débalancement entre les deux. C'est carrément un débalancement. Et, pour que
l'offre puisse répondre à la demande, il faut faire la réorganisation du
travail, qui s'appuie... et c'est ça, l'élément, un des éléments clés du projet
de loi, qui s'appuie sur la responsabilité collective puis qui permet de mieux
répartir la charge de travail entre les professionnels puis d'utiliser des
nouveaux outils comme, par exemple, la pertinence pour les soins offerts.
Alors, on n'est pas en train de dire qu'on veut juste que les médecins en
prennent plus, on dit : On comprend que c'est un groupe de professionnels
qui peut le faire dans certaines situations puis on va vous donner des outils
aussi. D'ailleurs, pas nouveau, ces outils-là, on les teste, depuis plus d'un
an, dans plusieurs de nos GMF, comme, par exemple, la pertinence de soins.
Et, deuxièmement, la nouvelle rémunération
qu'on met en place permet d'être plus équitable, et ça, pour moi, c'est
excessivement important. Cette nouvelle rémunération-là permet d'être plus
équitable pour ceux qui ont déjà une charge de travail importante. Et je le
répète parce que j'entends souvent des mauvais commentaires sur les médecins,
et il y en a beaucoup qui ont déjà une très grande charge. Et, pour nous, cette
rémunération-là qu'on veut mettre en place va tenir compte de ceux qui ont déjà
une... Part contre, les incitatifs qu'on va offrir, les incitatifs qu'on va
offrir va permettre d'augmenter la disponibilité au bon moment, puis ça, c'est
important, disponibilité au bon moment, quand les Québécois en ont besoin, pour
ceux qui veulent le faire. Il n'y a pas d'obligation, mais c'est important de
dire : Il y en a qui travaillent déjà beaucoup, le système va bien les
rémunérer, et ceux qui veulent en faire plus, il va y avoir des incitatifs.
Bon, maintenant, j'ai parlé de la prise en
charge pour... comment on fait pour s'assurer de prendre 100 %.
Maintenant, comment on simplifie le mode de rémunération. Je vais commencer
avec ceux des médecins en médecine familiale. Il est complexe, il est complexe,
puis je vais essayer de vous le résumer. En fait, ce qu'on veut faire, c'est de
passer à une composante qui a été suggérée par beaucoup de gens, beaucoup
d'expertise, on en parle depuis longtemps. Il y a trois composantes, la
première, c'est la capitation. La capitation, des fois, ça peut être difficile
à comprendre, mais avant les médecins, jusqu'à maintenant, la loi n'est pas
encore changée, mais on avait des forfaits. Vous prenez 1 000 patients,
vous avez un forfait, et ça paie tant. Vous allez me dire : En quoi la
capitation est différente? La capitation est reliée avec une prise en charge
qui est mesurée, donc, le résultat de la prise en charge va être mesuré, ce qui
n'était pas le cas avec les forfaits. Ça, c'est déjà une première grande
différence.
Deuxièmement, pour simplifier la
facturation, pour simplifier, il y a, en ce moment, puis là je vous donne un
ordre de grandeur, là, mais, dans le nombre d'actes qu'il y a dans la RAMQ,
c'est plus de 6000 actes, 6000. Alors, à chaque fois, là, le médecin ou
quelqu'un de son bureau, il y a même... il y a des entreprises qui aident les
médecins à faire leur facturation tellement que c'est compliqué puis que c'est
ardu. On va passer d'environ 6000 actes à moins de 10 actes, moins de
10 actes. Donc, on travaille avec la capitation que je viens d'expliquer,
mais on va aussi simplifier le nombre d'actes, une fois que la capitation a été
réglée et dernière. Et ça, c'est complètement nouveau, les médecins vont avoir
un taux horaire, un taux horaire qui tient compte du temps qui passe soit dans
leur GMF, soit dans leur clinique. Parce que, moi, j'entendais souvent...
Puis je veux vous donner un cas de santé
mentale qui m'a beaucoup influencé, docteur Bergeron et toute l'équipe qui est
avec nous aujourd'hui. Moi, j'ai cette médecin-là qui est en santé mentale, qui
m'a dit : M. Dubé, là, moi, je suis allée au privé parce que je n'étais
pas capable de bien servir mes patients en santé mentale avec la rémunération
qu'on avait. Si jamais j'avais une rémunération à l'heure, qui me permettrait
de bien servir ces patients-là, que je ne peux pas faire en 10 minutes,
elle a dit, on viendrait faire une grande différence, puis j'y retournerais au
public avec plaisir.
Donc, la nouvelle rémunération tient
compte de ces trois composantes-là, capitation, pour un, un acte beaucoup plus
simplifié et toute la question d'un taux horaire qui vient compléter la
rémunération. Bon. Et je veux aussi rappeler, puis peut-être que c'est plus
long que vous pensez, mais il y a tellement eu d'information dans les dernières
semaines, et particulièrement depuis les dernières heures, les gens
commentaient sans savoir ce qu'il y avait dans le projet de loi. Puis je veux
rassurer les Québécois. Premièrement, les patients qui ont actuellement... qui
sont actuellement inscrits auprès d'un médecin de famille, peu importe leur
statut de vulnérabilité ou de complexité, vont conserver leur médecin de
famille. Il y a eu des choses qui ne sont pas exactes là-dessus. Ils vont le
conserver.
Deuxièmement, ceux qui sont en inscription
collective, c'est-à-dire les chanceux, là, qui, depuis deux ans, ont passé par
le GAP, puis ils se sont fait identifiés ou affiliés à un GMF, puis que, là,
maintenant, ils peuvent appeler, mais sans avoir de médecin de famille attitré,
ces gens-là aussi vont garder leur affiliation collective.
Puis, pour les nouvelles inscriptions...
Donc, on en a 6 millions qui ont un médecin de famille déjà, on en a un
petit peu plus que 1 million qui sont en inscription collective et il en
reste à peu près 1,5 million, donc, qui n'ont peut-être jamais fait une
demande ou qui ont fait une demande, mais qu'on n'a pas été capable de les
placer, pour ces gens-là, pour les nouvelles inscriptions, parce que, je vous
le dis, on s'engage à les prendre tous, les 8,5 millions, c'est-à-dire
8,5 millions de Québécois qui ont une carte d'assurance maladie, on
s'engage à les prendre pour favoriser l'accès. Donc, ces gens-là auront aussi
accès à un... soit un médecin soit un groupe de médecins dans une clinique ou
dans un GMF auxquels ils vont être identifiés. Moi, j'appelle ça la troisième
composante.
Juste un mot sur les spécialistes. Les
spécialistes, on ne change pas la rémunération, on garde ça simple, mais il y a
une chose qui change, c'est... comme pour les médecins de famille, c'est la
rémunération qui est basée sur la performance. Alors donc, changement très
important du côté des omnis pour la remun, très peu de changement pour les
spécialistes, mais tous les deux ont une rémunération qui est basée sur
l'atteinte de résultats, je vais le dire comme ça, avec des cibles.
Je conclus, je conclus. Je l'ai dit tout à
l'heure, on a posé énormément de gestes depuis qu'on a déposé le plan santé,
vous vous souvenez, il y avait une cinquantaine de mesures, et je suis content
de vous dire qu'après trois ans on en a réalisé la grande majorité, puis on va
continuer d'en poser. Donc, on va continuer d'en poser parce qu'on a besoin de
continuer à faire des améliorations. Mais j'ai pris un engagement auquel je
crois fortement, et j'ai un support, entre autres, très, très fort de mon
premier ministre, on s'est engagé, et je le répète, à ce que tous les Québécois
soient pris en charge d'ici l'été 2026. Quand les gens me demandent
comment ça va dans le plan santé... Et je l'ai dit, il faut absolument qu'on
règle les ententes avec les fédérations de médecins le plus rapidement possible
pour qu'on soit capable de livrer l'essentiel du plan santé qu'on a fait et
l'engagement de prise en charge.
Pourquoi le projet de loi? En conclusion,
on a besoin de changer les lois, on a besoin de changer le contexte législatif
avec la RAMQ pour tenir compte de la prise en charge collective, pour tenir
compte de la prise en charge. Puis... Mais ce qui est important... Puis là je
le dis surtout aux professionnels de la santé qui nous écoutent, dans les deux
fédérations, aujourd'hui. Les gens me disaient : Mais pourquoi vous êtes
obligés de faire ça? Bien, on fait ça pour changer certains éléments de loi.
Mais en même temps, je vais le dire, la négociation qui est en cours, elle va
continuer, parce que ce qu'on a fait avec ce projet de loi là que je dépose
aujourd'hui met les grands principes, mais Mme LeBel, avec son équipe de négo
puis avec les personnes, va continuer à négocier. Ce n'est pas arrêté. Alors,
ce que je dis, c'est qu'on vient de clarifier la partie législative, mais la
négociation doit continuer.
Et... ça fait deux fois que je dis «en
terminant», je m'excuse, je suis très, très, très conscient qu'on fait un
changement de culture important. Tantôt, le premier ministre dit : Ça
faisait 23 ans, qu'il attendait ça. Moi, je pense que les Québécois ont
dit : Il faut que ça change. On ne peut pas continuer d'avoir des gens qui
attendent autant à l'urgence, des gens qui attendent autant pour leurs
chirurgies. Je pense qu'aujourd'hui on est dans une position pour dire aux
Québécois... Oui, ça va peut-être choquer certaines personnes, mais moi, ce que
je demanderais aux gens, c'est de regarder ça de façon constructive au cours
des prochaines semaines. Je vais me rendre énormément disponible au cours des
prochaines semaines avec nos équipes pour bien expliquer. Et, à ce moment-là,
ce que je veux, c'est que les Québécois soient conscients que, oui, il y a des
changements qui sont importants, qui vont peut-être être difficiles à
expliquer, mais on le fait pour une raison, on le fait pour les Québécois, pour
améliorer l'accès à notre bon réseau de santé. Merci beaucoup.
Le Modérateur : Merci, M.
Dubé. Comme vous avez remarqué, on est nombreux, et ça fait quand même plus de
15 minutes que vous parlez, donc assurez-vous de...
M. Dubé : Je m'excuse.
Le Modérateur : Non, mais pas
de problème, mais assurez-vous de garder vos réponses courtes.
M. Dubé : Mais moi... moi, ça
fait... c'est vrai que c'est plus long, mais moi, ça fait six ans que j'attends
ça. Ça fait que ce n'est pas grave.
Le Modérateur : Je comprends
très bien. On va commencer avec Alain Laforêt, TVA.
Journaliste : M. le ministre,
bonjour.
M. Dubé : Bonjour, Alain.
Journaliste : Les fédérations
de médecins, compte tenu qu'elles sont en négociation, disent que cette loi est
une loi spéciale.
M. Dubé : Bien, j'ai... j'ai
le droit de ne pas être d'accord, mais ils ont le droit de... de dire ça,
c'est... c'est leur droit. Moi, je fais une grande différence entre les droits
de gestion auxquels on réfère dans le projet de loi qui est là et d'imposer des
conditions de... monétaires. Je vais le dire comme ça, et c'est pour ça que
j'ai fait la précision qu'en ce moment, ce qu'on dépose, c'est les grands
principes, les grands principes de... de gestion, et Mme Lebel va continuer
dans le processus habituel, dans les prochaines semaines, de négocier les éléments
de rémunération.
Journaliste : J'ai assez de
cheveux blancs pour vous poser la question : Pourquoi ça fonctionnerait
cette fois-ci?
M. Dubé : Bien, c'est parce
que ce n'est pas juste cette mesure-là qui va faire que ça fonctionne, puis ça,
je pense que c'est important de le comprendre. Tantôt, je vous ai dit : On
a déposé un plan santé, 50 mesures. On a fait, entre autres, une des
grandes mesures, c'est le projet de loi n° 15. Les gens disent :
C'est Santé Québec. Mais le gros, l'essentiel du p. l. 15, c'était la
gouvernance médicale. On a rendu avec ça et clarifié comment un gestionnaire
d'établissement est imputable. Qu'est-ce qu'il peut le dire aux médecins,
qu'est-ce qu'il peut dire à ses employés? Mais j'ai besoin de la même imputabilité
pour les médecins. J'ai besoin que le gestionnaire, qu'on appelle
clinico-administratif, dise : Écoute, je ne comprends pas, là, comment,
toi, tu n'es pas capable de voir tant de... d'avoir tant de chirurgies, de
baisser tes temps d'attente des gens qui sont à l'urgence. Alors donc, pourquoi
ça va fonctionner cette fois-ci? C'est la pierre angulaire, c'est la clé de
voûte de toutes ces mesures-là qu'on a mises en place. Alors, imputabilité des
gestionnaires, imputabilité des médecins.
Le Modérateur : Merci.
Véronique Prince, Radio-Canada.
Journaliste : Oui. Bonjour.
M. Dubé : Bonjour.
Journaliste : Tout à l'heure,
M. Legault nous a parlé et il a un peu réfléchi...
M. Dubé : Est-ce que je
devrais avoir peur?
Journaliste : Mais il a un
peu réfléchi à voix haute en même temps.
M. Dubé : O.K.
Journaliste : Et je le cite,
en parlant de cette loi qu'il juge nécessaire, il a dit : «Est-ce qu'on
l'impose? Moi, je veux qu'on fasse tout ce qu'il est possible de faire pour
négocier.» Donc, il met un ultimatum pour la fin juin, là. Il faut que ce soit
adopté à fin juin cette loi-là, là. Vous n'allez pas attendre à l'automne.
M. Dubé : Vous me connaissez,
je ne rentrerai pas là-dedans. Mais je veux juste mettre... pour que les
Québécois comprennent peut-être pourquoi vous posez cette question-là.
Rapidement, on a les ententes dont on
parle, les ententes avec les deux fédérations sont... sont terminées depuis le 1er avril
2023. Ça, ça fait plus que deux ans, là. Alors, à un moment donné, il faut être
capable de dire : On a essayé la négociation, on a avancé, on a été
transparents. Et je le répète, il y a un mois et demi, Mme Lebel puis son
équipe, et vous le savez, là, elle a présenté les mandats que nous, au ministère
de la Santé, on a donnés au Conseil du trésor puis on a dit : Voici tout
ce qu'on veut. Alors, on a été transparents. Ce n'est pas nouveau, là. Alors,
moi, je pense que maintenant, l'étape que je viens d'expliquer aujourd'hui, on
dit : Il y a des... Puis je pourrais vous en parler longuement, mais le
principe de capitation, le principe, tout ce qu'on dit aujourd'hui, c'était
amplement discuté avec les fédérations depuis des années.
Journaliste : Donc, juin,
c'est juin qu'il faut que ça se fasse.
M. Dubé : Moi, je ne vous
dirais pas ça ce matin. Je veux voir comment les négociations vont continuer
dans les prochaines semaines. Je pense que c'est sûr qu'à mon sens, puis j'en
connais des médecins, là, il y a un choc aujourd'hui, puis je le respecte, je
le respecte parce que c'est un gros changement. Mais, en même temps, je veux
voir comment ils vont retourner aux tables de négociation. Puis j'en parlais
encore avec Mme Lebel ce matin, elle, elle est disponible, ils sont ouverts,
puis on verra comment ça se produit dans les prochaines semaines.
Journaliste : Puis...
Le Modérateur : Si... oui?
Journaliste : Juste ma
deuxième question. Les médecins, leur argument, c'est beaucoup de dire :
Ça va être très dur pour nous de faire de la prévention. Si les gens sont
inscrits collectivement et voient différents professionnels, on n'est pas
capables d'avoir la relation de proximité. Donc, comment vous pouvez garantir
aux Québécois, qui ont cette relation de confiance avec leur médecin, que c'est
une relation, dans le fond, qu'ils vont quand même avoir encore, là.
M. Dubé : Ah! tout à fait.
Journaliste : Je veux dire,
effectivement, comment il va y avoir de la prévention?
M. Dubé : On veut... On veut
la privilégier, cette relation-là. Comment de fois vous avez entendu, dans les
dernières années, des Québécois qui disent : J'ai finalement eu un
médecin, je suis allé le rencontrer, il m'a dit : Tu as le droit à juste
un bobo? Là, on est en train de dire : Vous avez un nombre de patients que
vous pouvez vous occuper, donc que vous prenez en charge, vous avez un nombre
d'actes qui est simplifié, bien rémunéré, puis, en plus, si vous êtes... vous
avez besoin de voir plus qu'un bobo, vous avez un taux horaire qui va tenir
compte de votre... l'ensemble de votre rémunération. Moi, je pense que, si ces
gens-là veulent faire de la prévention puis s'éloigner des bobos, ils ont tout
ce qu'il faut dans cette nouvelle rémunération là pour le faire.
Le Modérateur : Merci. Fanny
Lévesque, La Presse.
Journaliste : Juste une
petite précision, M. Dubé, là, par rapport à l'adoption du projet de loi, dans
la séquence, est-ce que vous voyez ça avant la fin des négos?
M. Dubé : Je ne répondrai pas
à ça, Mme Lévesque.
Journaliste : Mais est-ce que
c'est nécessaire à la poursuite des négos? Voyez-vous ça avant ou ça pourrait
venir après?
M. Dubé : Bien, écoutez,
c'est parce qu'une des choses qui me préoccupe en ce moment puis qui préoccupe
beaucoup les Québécois, c'est d'être capable de l'avoir, ce 100 % là
d'accès, là. Puis plus on retarde, plus on retarde... Je vous le dis, là, ça
fait deux... un peu plus que deux ans que l'entente n'est pas renouvelée.
Alors, moi, je me dis : Il faut faire les choses différemment. Je pense
qu'on a déjà beaucoup parlé. Là, on met ce principe-là sur la table. Puis moi,
j'aimerais avoir un impact en 2026. Mais, si je remonte dans le temps, si je
pars de 2026, bien là, je vais commencer à manquer de temps.
Journaliste : Bon, le... je
cherche le mot, là, le supplément collectif qui est introduit dans la loi, on
comprend que c'est ce qui est dans votre offre, le 25 % lié à la
rémunération.
M. Dubé : Jusqu'à.
Journaliste : Jusqu'à.
Maximum.
M. Dubé : Le mot... Le mot
«jusqu'à» est très important.
Journaliste : Là, en appelant
ça un supplément, là, est-ce qu'on comprend qu'on prend le 3 milliards,
qu'on le met en deux enveloppes, il y en a une qui est 25 %, qui
redistribuée si on atteint les objectifs, ou on ajoute de l'argent dans l'autre
enveloppe?
M. Dubé : J'aimerais mieux
garder cette question-là pour Mme LeBel parce qu'elle est en train de discuter
comment va se faire l'enveloppe puis, une fois qu'ils auront discuté
l'enveloppe, comment va se faire ce supplément collectif là.
Journaliste : Mais c'est une
nuance importante...
M. Dubé : Bien oui, c'est
très important.
Journaliste : ...parce
qu'aujourd'hui vous liez la rémunération à l'atteinte des objectifs. Donc,
est-ce qu'on comprend qu'il y a une partie du salaire qui n'est pas versée si
les objectifs ne sont pas atteints? Parce que ça va être ça, leur réaction,
tout à l'heure. Donc, c'est important de le préciser maintenant.
M. Dubé : Bien, c'est tout à
fait pour ça qu'il faut qu'ils soient à la table de négociation.
Journaliste : Mais c'est
ça... c'est ça, l'intention, M. Dubé?
M. Dubé : J'ai pris
l'engagement aujourd'hui que je ne discuterais pas des techniques de
rémunération. Alors, j'aimerais bien ça vous répondre aujourd'hui, mais, si je
veux favoriser la continuité des négociations à la table, je ne répondrai pas à
cette...
Journaliste : Vous avez déjà
dit que vous ne vouliez pas en mettre plus, de toute façon. Je pense, même,
c'est Mme LeBel qui l'a dit.
M. Dubé : Bien, moi, ce que
j'ai dit, c'est qu'on est prêts à en mettre plus pour les médecins qui donnent
plus d'accès. J'ai toujours dit ça, puis je ne changerai pas d'idée. C'est pour
ça, tout à l'heure, que je dis : C'est un incitatif, à ceux qui peuvent le
faire, d'augmenter l'accès.
Le Modérateur : Merci.
Caroline Plante, La Presse canadienne.
Journaliste : Bien,
justement, ma question portait là-dessus. Vous avez parlé, pendant votre
allocution, d'incitatifs. Donc, pouvez-vous élaborer sur quels seront les
incitatifs?
M. Dubé : Bon, les incitatifs
qui ont été définis lorsqu'on a déposé le mandat. Vous vous souvenez, là, il y
avait... sur le site Web du Conseil du trésor, il y avait quatre documents. Il
y en avait deux qui se rapportaient aux omnis, mais il y en avait deux qui se
rapportaient aux spécialistes. À l'intérieur de ce document-là, il y avait la
question monétaire, je n'en parle pas aujourd'hui, mais j'avais quand même une
liste de 14 indicateurs. Il y en a qui sont communs aux spécialistes et
aux omnis, c'est normal, on parle du CRDS, on parle de... puis il y en a qui
sont propres. Ce que j'ai décidé de faire, pour garder le maximum de marge de
manœuvre à la négociation... Vous les avez vus, ces... Il y en a 14, ils sont
très, très bien définis.
Est-ce qu'ils seront modifiés pendant la
négociation? J'espère, parce qu'on les a mis sur la table, puis je pense qu'il
est tout à fait normal que les médecins, leurs conseillers disent au cours des
prochaines semaines : Bien, peut-être, celui-là... Dr Bergeron en arrière,
là, qui est le grand architecte de tout ça, il a peut-être été fort sur le crayon
quand il a déposé son premier projet, puis là, bien, on va laisser... Mais les
médecins les connaissent, là.
Journaliste : Est-ce que le
projet de loi amène de nouveaux incitatifs? Parce que, là, dans le projet de
loi, on parle...
M. Dubé : Non, non, non.
Journaliste : ...d'une
deuxième enveloppe de rémunération incitative.
M. Dubé : Non, pas du tout.
Journaliste : Il n'y a pas de
nouveaux incitatifs prévus dans le projet de loi?
M. Dubé : Non, non. Les
indicateurs qui sont mis en annexe dans les deux documents que je parle, ça,
c'est la base de la négociation pour les prochaines semaines.
Journaliste
:
...question, c'est : Mais pourquoi maintenant? Pourquoi déposer le projet
de loi maintenant, alors qu'on est en pleine négociation et que vous auriez
techniquement pu le déposer après la négociation?
M. Dubé : Non, c'est un très
bon point, je pensais que j'avais répondu tantôt, mais je vais me reprendre.
Journaliste : Mais c'est
parce que c'est juste que ça a l'air d'un levier de négociation là.
M. Dubé : Non, non, moi, je
ne dirais pas ça, parce que, quand on négocie, en tout cas, pour la petite
expérience que j'ai en négociation, c'est important, à un moment donné, de
prendre un petit peu de recul, ça fait deux ans qu'on se parle, ça fait deux
ans. Je pense que c'est important de revenir puis de dire : C'est quoi,
les grands principes qu'on essaie de faire? Le projet de loi, là, aujourd'hui,
ce qu'il fait, c'est que je veux que tous les Québécois comprennent qu'il faut
faire ces changements-là, ces changements-là de principe. La négociation doit
continuer pour mettre les bons dollars puis les bons objectifs dedans. C'est
ça, l'objectif, si je veux être capable d'améliorer la prise en charge dans les
prochains mois.
Le Modérateur : Merci. Louis
Lacroix. Cogeco.
Journaliste : Bonjour, M. le
ministre.
M. Dubé : Bonjour.
Journaliste : Je veux revenir
sur la rémunération aussi. Le mode de rémunération actuel à l'acte fait en
sorte qu'il y a certains médecins qui vont doser, si on veut, qui acceptent
d'avoir peut-être un peu moins de revenus, puis avoir un peu plus de temps pour
eux. Parce que c'est maintenant rendu, pour les médecins, là, bien souvent, un
mode de vie où on dit : Mais je vais peut-être prendre une baisse de
rémunération, mais m'offrir plus de temps pour moi. Là, avec la transformation
du mode de rémunération, c'est un peu comme si vous les obligez à travailler
davantage s'ils veulent avoir la même rémunération. Vous n'avez pas peur que ça
les envoie vers le système privé?
M. Dubé : Bien, obliger, je
ne sais pas, je ne sais pas. Moi, j'ai... Et c'est pour ça qu'on a eu de
longues, longues discussions, je dirais, dans les derniers mois. Puis je vais
faire ma réponse courte. J'ai bien dit tout à l'heure qu'il y a des gens... Je
respecte que, par choix de vie, par choix de qualité de vie, des gens décident
de travailler deux ou trois jours par semaine, je respecte ça. D'ailleurs, moi,
j'ai hâte d'être capable de faire ça. Mais on ne peut pas donner la
rémunération à ces gens-là, la même que quelqu'un qui fait plus de temps, qui
voit plus de patients, et c'est ça, l'équilibre qu'on veut respecter. Mais
jamais on ne va obliger quelqu'un à le faire. Mais il faut dire que maintenant,
il y a de plus en plus de personnes qui ne travaillent pas de la même façon que
tous les autres ou que la grande majorité, puis il faut être capable que le
système de rémunération reflète ça.
Journaliste : Toujours sur la
rémunération, le taux horaire, de quelle façon ça va être applicable? Parce
qu'il y avait eu beaucoup de critiques lorsque ça avait été abordé, à savoir,
notamment, les médecins qui font des suivis à partir de la maison, qui vont,
par exemple, faire un appel pour renouveler une prescription, donner des
résultats d'examen, des trucs comme ça. Et ça avait été extrêmement critiqué,
ce mode de rémunération, avec des espèces de périodes de temps là où on était
plus ou moins payé, etc. Comment ça va fonctionner? Sur quelle base ça va être
établi?
M. Dubé : Bien, vous allez me
trouver un peu tannant, là, je vais vous parler uniquement des principes. Mais,
moi, je me rappelle, quand on a eu des discussions sur la télémédecine, hein,
c'était nouveau. La télémédecine, il a fallu s'entendre. Est-ce qu'on passait
plus de temps s'il y avait une vidéo ou si c'était juste par téléphone? Là, on
est rendu dans le mécanique, mais tout le monde a accepté le principe de la
télémédecine qui a été développé durant la pandémie, puis c'est une belle
chose...
Je vous dirais la même chose pour le taux
horaire. Le taux horaire, c'est un peu ce qui vient compléter les deux autres.
Mais dans la mécanique qui est en train d'être discutée puis qui, j'espère, va
se discuter assez rapidement, le taux horaire vient compléter les endroits où
ce n'est pas uniquement de la médecin... un mouvement clinique, une opération
clinique, ça peut être... Moi j'ai bien des médecins qui me disent :
Écoute, il y a tellement de formulaires, il y a tellement de choses, ça va plus
loin que juste envoyer mes factures à la RAMQ. Bien, on essaie de tenir compte
de ça aussi. Je vous ai parlé des cas de santé mentale. Moi, je vous dirais, M.
Lacroix, laissons les négociations préciser ça, mais le principe d'une
rémunération horaire qui vient s'ajouter et compléter les deux autres pour une
rémunération totale, je pense que tout le monde est d'accord avec ça.
Le Modérateur : Merci. Ça va
assez rondement, mais je vous rappelle de limiter...
M. Dubé : Bien, vous avez
juste à débrancher mon micro aussi. Vous pouvez faire ça.
Le Modérateur : Je vais
demander à un technicien. Isabelle Porter, Le Devoir.
Journaliste : Oui, bien, sur
le même sujet, juste pour clarifier, là. Le médecin... qui est en train de
faire ma consultation, il n'est pas payé à l'horaire... à l'heure en même
temps?
M. Dubé : Oui.
Journaliste : Pendant l'acte,
il est payé à l'heure aussi.
M. Dubé : Oui, c'est ça qu'on
dit. Parce que l'acte, comme la capitation, ce n'est pas parfait. Puis, moi, je
ne veux pas arriver... Moi, ce qui m'a le plus insulté depuis un an, là, c'est
les gens qui se font dire : Écoute, ça m'a pris deux ans — je me
répète, là — deux ans, finalement, pour avoir une consultation
médicale, puis là le médecin, il me dit : Non, un bobo. Non, non.
Journaliste : Donc, est-ce
que ça veut dire... ça va se traduire par le fait que, dans le fond,
collectivement, on va nécessairement payer moins pour les actes qui ont été
donnés?
M. Dubé : Non. Non, non, je
ne dirais pas ça, parce que le... puis, encore, je reste dans les principes. Le
système de capitation permet de dire c'est quoi, le critère de vulnérabilité
que vous avez, aux cas très complexes... va payer beaucoup plus cher pour le
nombre de patients. Puis des cas verts, là, comme... bien, je ne veux pas dire
«vous», là, mais vous avez l'air en bonne santé, là, bien, des cas verts, eux
autres, les cas non critiques vont être moins rémunérés, puis ça, c'est
logique. Ça fonctionne comme ça en ce moment. On a juste mis à jour les cotes
de vulnérabilité.
Journaliste : Il y a des
actes qui vont être moins payants que d'autres, il y a des paiements à l'acte
qui vont être moins payants que d'autres.
M. Dubé : Non, non, parce que
la... il y a déjà cette différence-là dans les actes. On va juste passer d'à
peu près 6 000, là, je me trompe peut-être de quelques nombres, mais il va
être réduit, mais la combinaison de la capitation plus le nombre d'actes, ça
devrait donner la même numération, ajustée avec le taux horaire dont je vous
parlais tantôt.
Le Modérateur : Merci.
Patrick Bellerose, Le Journal de Québec.
Journaliste : Oui, bonjour.
M. Dubé : Bonjour.
Journaliste : Vous me
dites : Personne ne perd son médecin, là, ceux qui ont un médecin ne
perdent pas leur médecin. Par contre, si j'ai un médecin déjà attitré et que
j'appelle, je vais aussi être soumis au fil de pertinence. Ça ne veut pas dire
que je vais voir un médecin. Donc, les gens qui ont un médecin ne verront plus
nécessairement leur médecin chaque fois qu'ils doivent consulter.
M. Dubé : Le... c'est à ça
que sert le fil de pertinence. Exactement, M. Bellerose. On l'a vu, là, on a
installé jusqu'à maintenant, puis là je ne sais si j'ai encore le bon chiffre,
mais je vous en ai parlé plusieurs fois, 75 GMF qui ont déjà le fil de
pertinence. Puis ça, là, il faut juste... puis je suis content de la question,
le fil de pertinence, c'est bien simple, là, vous remplissez un petit
questionnaire ou vous le faites par téléphone, peu importe, là, puis vous
donnez la description de votre bobo puis votre besoin. Puis vous le faites par
téléphone ou par l'informatique. Puis là on vous dit : Bien, on pense que vous
n'avez pas besoin de voir votre médecin parce que vous pourriez aller voir un
pharmacien qui va vous renouveler votre... Je simplifie, là, mais on a vu
qu'avec l'expérience de la dernière année, 10 % à 15 % des
rendez-vous ont été différés à l'extérieur du médecin, mais il y a quand même
85 % des gens qui ont vu leur médecin. Alors, il faut... il y a des
avantages au fil de pertinence... bien, l'essentiel, les gens vont voir leur
médecin.
Journaliste : On a beaucoup
parlé des médecins omnipraticiens, là, mais, pour les spécialistes, les
indicateurs de performance, ça me semble plus difficile à contrôler pour les
spécialistes, par exemple, atteindre 99 % des chirurgies dans un délai x.
Ils ne contrôlent pas, là, l'ouverture des blocs opératoires, la disponibilité
des infirmières, etc.
M. Dubé : Oui, moi, j'en ai
parlé beaucoup à... avec la fédération. Puis, tout à l'heure, je vous ai dit...
d'abord, premièrement, là, prenez les chiffres qui sont dans le mandat avec une
certaine réserve, parce que, je vous le dis, ils sont en train d'être discutés,
là. Je pense que c'est la... premier commentaire, mais le commentaire le plus
important, c'est que, là, on a rendu les gestionnaires imputables. Puis avant
il y avait des gestionnaires qui disaient : Je ne peux pas dire ça au
médecin, je travaille avec lui, puis tout ça. Bien, moi, je me dis : Si tu
n'es pas capable de lui dire, c'est parce que tu ne fais pas ta job. C'est ça,
maintenant, l'imputabilité du gestionnaire, Ça fait que, si le médecin dit :
Bien, moi, j'aimerais bien ça opérer parce que ma salle n'est pas... opérer,
puis ma salle n'est pas disponible, est-ce que c'est un problème du
gestionnaire, parce qu'il n'a pas trouvé le personnel, ou c'est un problème des
médecins, parce qu'un des spécialistes n'est pas en salle? Et c'est dans ce
sens-là que je dis : Il faut que les deux soient imputables. Alors, on ne
peut pas dire... Non, mais...
Journaliste : ...allez-y,
allez-y.
M. Dubé : On ne peut pas dire
aujourd'hui : Bien, nous autres, on veut être là, mais vous ne nous
fournissez pas les salles. Les deux sont imputables.
Journaliste : ...une
imputabilité plus grande dans le projet de loi? Je comprends qu'il y a les
indicateurs de performance, là, mais vous semblez dire qu'il y a quelque chose
de fondamental qui change...
M. Dubé : Bien, je vous l'ai
dit, là, il y a bien des gestionnaires, maintenant, qu'on est capable de
dire : Regarde, c'est vous le problème, là, O.K., ce n'est pas le
médecin. Bien, du côté des médecins, c'est la même chose. Si, à un moment
donné... puis vous avez fait... on a fait, là, une analyse détaillée, on a les
chiffres maintenant, on fait à peu près 1 300 chirurgies par jour, il
y en a 150 qui sont cancellées pour, la moitié du temps, c'est des fois une
cancellation du patient ou le personnel qui n'est pas disponible, je vais le
dire comme ça pour protéger les discussions en ce moment. C'est ça des... c'est
ça, les indicateurs.
Le Modérateur : Merci. Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
Journaliste : Oui. Bonjour,
M. Dubé. Vous avez dit d'entrée de jeu : Le projet de loi n'empêche pas la
négociation. Ça va se poursuivre, mais, en même temps, avec le projet de loi,
vous venez imposer le concept de rémunération à la performance, qui lui-même
était l'objet de négociations puis lui-même est litigieux. Ça, on comprend que
ce n'est plus un objet de négo, là, ça va être ça puis c'est tout.
M. Dubé : La partie des
principes, vous avez absolument raison, je suis très transparent, on doit
reprendre des droits de gestion qui, avec le temps, ont été, soit par
négociation... Chaque chose que je demande d'ajuster, ça me prend des dollars.
Il faut tout négocier avec des frais. On dit aujourd'hui... un peu comme on a
fait avec les infirmières dans nos conventions collectives, on a repris des
droits de gestion. Je sais que c'est un gros changement. C'est un très, très
gros changement, mais on met, quand j'additionne tout, là, on met
10 milliards de disponibilités pour les médecins, parce qu'on dit :
C'est une enveloppe de 5 milliards, c'est une enveloppe de trois, mais on
paye des frais pour les GMF, on paye des frais pour... Ça s'additionne vite
tout ça, là. Alors, aujourd'hui, je pense qu'il y a un minimum de droits de
gestion qu'on doit pouvoir avoir. Et après ça les négociations vont être
beaucoup plus claires, selon moi.
Journaliste : Puis sur la
notion de performance, justement, tout à l'heure, on... à la séance technique,
on nous disait que c'est vraiment des indicateurs collectifs qui sont prévus.
Donc, l'idée de punir, disons, des médecins individuellement qui seraient moins
performants pour toutes sortes de raisons, ça, c'est écarté, là, la performance
ne sera que collective.
M. Dubé : Mais l'essentiel de
ce que vous dites est exact. Effectivement, puis c'est pour ça que je ne veux
pas rentrer dans le détail de...
Journaliste
: ...
M. Dubé : Pardon?
Journaliste
: ...
M. Dubé : Mais c'est
essentiellement collectif. Parce que je ne veux pas rentrer dans le détail,
qu'est-ce qui est territorial, qu'est-ce qui est national? Vous me suivez, là.
On a dit qu'on en resterait aux grands principes aujourd'hui, mais
effectivement.
Journaliste : Est-ce que ça
se peut qu'ultimement, avec la négociation, si tout se règle, débouche
rapidement, vous n'ayez pas besoin du projet de loi, qu'au fond on n'a pas
besoin de l'adopter?
M. Dubé : Non, non, on n'a
pas le choix. Je n'ai pas le choix. La RAMQ, la loi de la... de la Régie de
l'assurance maladie doit être ajustée parce que je ne peux pas faire de
supplément collectif, je ne peux pas faire de performance. Alors, donc, et
c'est pour ça que j'ai décidé de dire le projet de loi ne doit pas me retarder
dans l'échéancier que je me suis donné pour la prise en charge. Il fallait le
faire de toute façon. Faisons-le puis continuons les discussions.
Journaliste
: Je veux
juste préciser quelque chose, M. Dubé. François Carabin, Le Devoir.
Parce que vous dites que c'est essentiellement collectif, les critères
d'évaluation de performance, mais est-ce qu'il y a, dans ce projet de loi là,
une notion d'évaluation de performance individuelle?
M. Dubé : Non. Non, parce que
la... Non, non, non. La seule évaluation personnelle, individuelle qui est
faite, c'est soit par le DRMG ou le... qu'on appelle maintenant le directeur
médical de... de territorial spécialisé. Ça, ça a été défini par le projet de
loi n° 15. C'est ce que j'appelle la gouvernance médicale, tout à l'heure.
C'est bon? Je vous remercie pour la question.
Le Modérateur
: O.K.
Merci. Pierre-Antoine Gosselin, TVA.
Journaliste : Bonjour,
M. Dubé. Juste une précision, parce que là, vous présentez ça sous forme
de projet de loi aujourd'hui, mais, vous l'avez mentionné, vous l'avez présenté
sous forme de négociation. Je fais un peu le pouce sur mon collègue ici.
Pourquoi d'abord le présenter dans la négociation puis l'imposer comme ça, avec
un projet de loi, ensuite?
M. Dubé : Parce que j'ai des
délais à respecter. Ce que je vous dis, vous le savez, là, moi, là, je dépose
ce projet de loi là, on revient dans une semaine, le leader va me
demander : Quand est-ce que tu t'en vas en commission parlementaire, qui
vous allez consulter, les gens que vous allez consulter, qu'est-ce qu'on va
faire? On va faire un article par article, on va faire ça. Il y a un processus.
Alors, moi, je voulais mettre une ligne dans le temps. La ligne dans le temps,
je voulais être sûr qu'on la faisait avant la fin de la session. C'est ce qu'on
fait aujourd'hui.
Journaliste : Ce que vous
dites, c'est que les fédérations de médecins vous ralentissaient, là, dans
votre objectif.
M. Dubé : Non, je ne dirais
pas ça. C'est quand même... Écoutez, je vais vous dire une chose, c'est gros ce
qu'on est en train de faire, puis, à un moment donné, je pense qu'on en a assez
parlé pour mettre les cartes clairement sur la table. Puis, moi, je fais
confiance aux gens qui sont dos aux tables de négociation pour trouver des
solutions.
Journaliste : En terminant,
n'empêche que c'est l'impasse en ce moment, là, dans les négociations
vraisemblablement avec les fédérations de médecins. La FMOQ parle d'un
arbitrage indépendant, vous faites quoi de ça? C'est quoi votre opinion sur
cette avenue?
M. Dubé : Bien, je vais vous
dire, je pense qu'il est normal, là, lorsqu'il y a des changements qui sont de
cette importance-là, de prendre un petit peu de recul puis de prendre
connaissance des documents, là. Je pense, c'est ça qui est en train d'arriver
en ce moment. Moi, j'ai déjà eu ces négociations-là avec la FMOQ quand on a
fait le projet de loi n° 11, puis on a fini par s'entendre, hein, de faire
cette prise en charge collective là, là, comme mesure temporaire. On a réussi à
s'entendre. Je ne vois pas pourquoi qu'on ne pourrait pas s'entendre cette
fois-ci.
Le Modérateur
: Une
dernière question de précision de Louis Lacroix, Cogeco.
Journaliste : ...dans votre
préambule de projet de loi, vous dites... Je veux juste retrouver, je l'avais
pris en note, là : que la prise en charge devient un service assuré à la
Loi de l'assurance maladie. Est-ce que ça veut dire, ultimement, qu'un
Québécois, un patient qui détient une carte d'assurance maladie et qui n'est
pas pris en charge, qui n'arrive pas à être pris en charge par un médecin de
famille pourrait ultimement poursuivre la régie, la RAMQ ou le gouvernement en
disant : Vous avez un service qui est... qui est censé être garanti et je
ne l'ai pas, ce service-là?
M. Dubé : Bien, poursuivre, je
ne le sais pas, mais moi, je vois ça aussi important que le droit de l'enfant à
avoir une école. C'est la même chose. Moi, je pense qu'un Québécois a le droit,
c'est un droit, à un système, à l'accès au système de santé. Puis c'est pour ça
que j'ai mis le mot «accès» dans le projet de loi. Moi, je veux que... Le grand
principe, là, c'est m'assurer qu'il n'y a pas un Québécois qui est capable de
dire : On m'a oublié. Ce n'est plus... C'est vraiment cette prise en
charge là pour favoriser l'accès. Ça fait que je suis content de la question,
M. Lacroix. Parce que c'est ça, le principe, comme les écoles.
Le Modérateur
: Merci.
On va passer en anglais avec Cathy, CBC.
Journaliste :
So, you needed, Mr. Dubé, to put the
word «access» in the law, like, in the... in the bill to make sure that every
patient would have a professional or a family doctor in a family medicine
group.
M. Dubé :
Yes.
Journaliste :
What is the parallel you're making with
this?
M. Dubé :
With education. I think it's clear,
when the Bernard Drainville is looking at the population of Québec, all the
students, all the kids, each time that we have new population, new kids, he
needs to build schools because we have an obligation to supply education to
older kids. To me, that's the same thing with health, same thing. Right now, I
only have 85 % of Quebeckers that have either a doctor or collective... I'm
just saying it should be, it will be a 100 %.
Journaliste :
To get there, you need doctors. You're
asking them... like, you're... Your demand is to put in place indicators of
performance. If they reject this idea, what will happen?
M. Dubé :
Well, I think we're not there yet. I
think the step today was to clarify a certain principle, one. We need to make
changes to the law to... «la loi de l'assurance maladie». And I think that... I
don't want to be postponed by a delay... a legal delay. And the one thing that
I want to make sure is that... We know where we want to be in 2026 with this 100
% of population. So, we clarified the principle today. We'll be willing to make
those changes to the law when we have done the proper... the normal legislation
process, and that's what we're doing today.
Journaliste :
And just one clarification. In your
whole reform of the health care system, how important is this today?
M. Dubé :
This is the last one, this is so
important, this is... You know... give me 30 seconds. I have... You've seen
this video, right, that, when we try to fill a pot, we need to put the big
blocks first, then we put the small blocks, and then the sand. This is one
of... probably the last big block that we need to put to make sure that the
health system will function properly. And this is the reason, I'm saying, this
is the last big block that we need to put together.
Journaliste :
Il arrive quoi pour vous après le dernier bloc, M. Dubé?
M. Dubé :
Oh! I... but I still have other work to
do. But I'm just saying part of the health plan that we put it back into 2022,
to me, this is a very, very significant one.
Le
Modérateur : Merci. Franca Mignacca, Global.
Journaliste :
Minister Dubé, good afternoon. When it
comes to the patients themselves, those who are not currently assigned by a
GMF, by a family doctor, I understand that they will be assigned somewhere, but
how will you guarantee that they will actually see a doctor, see the
professional? What does this actually change for them?
M. Dubé :
Well, I think it's very clear that...
Thanks to all the systems that we have put together. Like, we know now, during
the... We have access to all the information that the doctors see and, given
that law, all the transparency of data that has been put, we can find out, by
GMF, by clinics, how many people are being seen. So, I think we have the
information now that allow us to make sure that all Quebeckers will be seen.
Journaliste :
And I just want to clarify what's
changing when it comes to this vulnerability criteria and how... how the doctor
salary depends on that.
M. Dubé :
And thanks for the question.
Journaliste :
What exactly is changing here?
M. Dubé :
Well, I think... Remember when we did
the p. l. 11 , we said there was a... there's still because the law is not
changed, there is one right now code of vulnerability, but it's old. It hasn't
been updated for years. And two years ago, we were saying there are probably
still 30,000 people that are very vulnerable that were not taken care of. When
we took the new code that has been tested, that has been developed, and we have
600,000 people that are vulnerable, that are not taking care. So that's
important to update this code and put it as part of the reform that we do right
now.
Le
Modérateur : Hein, c'est pour finir, Olivia O'Malley, CTV.
Journaliste :
Good afternoon.
M. Dubé :
Hello.
Journaliste :
Just for people at home, I really want
you to talk to them and tell them what will change. For someone who's been in
good health and someone on the waiting list, what will this bill change for
them?
M. Dubé :
Okay. Well, I think that for the person
in good health that has not the family doctors right now, the good news is we
will assign all Quebeckers, even though they are in good health, to what we
call... and I don't have the... sorry, the right expression in English, but
«milieu de soins», either a clinic or a GMF. So, even though you're in good
health today, you will... when we can do it when the law is changed, you will
receive a notice that you've been assigned to a place because you could be a
green today, but you could be... in a week from now. So... And all the experts
that we have consulted, they say access is important, but very close is
continuity. You make sure that we need to know where you can go at the same
place when you have a need. So, to answer your question, for those that are in
good health, that's the big change. The second one is for those that need, the
access will be improved, and we will monitor if they have a doctor, are they
able to see them, and that's a big change.
Journaliste :
And when it comes to the doctors and the
ongoing negotiations that the government is having with them right now, they
said no to color code and this color code system and renumeration. So, why do
you feel the need to just keep going forward and push it into law at this
moment?
M. Dubé :
Well, I try to stay away from the
comments because you never know what exactly was said and... But, one thing is
clear, there is a code right now, there is a different name. What I'm saying is
that we're just putting an update to the actual code to make sure that the
people that are really vulnerable are being seen. So, that is my
comment.
Journaliste : ...
Le Modérateur : Oui, dernière
précision...
Journaliste :
Really quickly, for people who
currently have a family doctor who are being followed, with this law in place,
will they still be able to call the doctor's office as usual and get an
appointment, or will they have to be filtered through?
M. Dubé :
Well, they will have to be going
through this «filtre de pertinence» for the GMF that has one, because we want
to make sure that if they don't... for a particular case, if they don't need to
see that doctor again, I said that earlier that the experience that we had in
the GMF, where we have been installed at the filter, it's about 10 to 15% so,
but I would say mostly those people will see their doctors.
Journaliste :
But that expands... sorry, just to... That
expands the filter then to people not just with GMF but with normal family
doctors?
M. Dubé : Yes.
Journaliste : OK.
M. Dubé : Yes.
Le Modérateur : Merci, M.
Dubé.
(Fin à 12 h 22)